Korlat Projekt

Rapport de mission n° 132
Date de la mission: Mai 1938
Agents :

La branche occulte du 2eme bureau de l’armée française demande, et obtient après arbitrage gouvernemental, le droit de faire des expérience sur le mystérieux cube ramené par la BMS lors d’une mission en Hongrie. Ces expériences débouchent sur un drame : 12 morts au fort d’Ivry, dont deux agents de la BMS. Officiellement, il s’agit de l’explosion d’un dépôt de munitions. Officieusement, ce cube a débouché sur une mission que les agents de la BMS comme ceux du 2eme bureau ne seront pas prêts d’oublier...

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Si les nazis étaient parvenus à leurs fins...

Une guerre des services

Cette histoire commence le 7 mai 1938 par une réunion au quai des orfèvres entre le colonel Collot, chef de la branche occulte du 2eme bureau, et les responsables de la BMS le commissaire divisionnaire Conti et le commissaire principal Laspalès.
Collot réclame pour ses services de disposer du mystérieux cube ramené par la BMS de Hongrie quelques mois plus tôt. Laspalès refuse catégoriquement et se cabre : le cube est un portail dimensionnel qui donne sur le lieu où est caché un livre maudit (le Korlat) enfermant une puissante créature démoniaque. Il faut mieux la laisser où elle est. La conversation prend alors le tour suivant :

Collot : « Les boches étudient le surnaturel à des fins militaires. Il faut entrer dans cette course pour maintenir une parité. »

Laspalès : « L’étude du surnaturel conduit à la folie. C’est ce qui arrive aux boches ! Leur chef Goëssler est sans doute un adorateur des grands anciens ! »

Collot : « Ce ne sera pas notre cas. Le cube a un potentiel immense et doit être étudié par nos meilleurs spécialistes. »

Laspalès : « Ah oui ? Lesquels ? »

Collot : « Les meilleurs. N’oubliez pas que nos archives remontent à 1795. Nous avons une certaine expérience en portails spatio-dimensionnels. »

Le commissaire divisionnaire Conti coupe court à la conversation en acceptant de mettre le cube à disposition du 2eme bureau pendant 10 jours, à la condition que des agents de la BMS puissent assister aux expériences conduites par les militaires. A Laspalès qui avale de travers cette décision, Conti fait remarquer que Collot aurait eu le cube de toute façon en demandant l’arbitrage du ministère. Les militaires sont actuellement très écoutés, en cette période de tension avec l’Allemagne... Au moins, en assistant aux expériences, la BMS gardera un œil sur l’objet.

Laspalès se charge d’annoncer la nouvelle aux agents et indique qu’un convoi militaire ira chercher le cube. Il désigne un groupe d’agents qui sera chargé de se relayer pour assister aux expériences et choisit le commissaire Dumort, les inspecteurs Cohen, Foccard, Lanquetot, Durand, et Bonfils. La nouvelle ne réjouit pas particulièrement les agents, l’inspectrice Annie Durand rappelle cependant que le spécialiste des symboles gravés sur le cube, Israël Finkelstein, est maintenant installé à Paris et qu’il faudrait mener des recherches de notre côté. Le commissaire Dumort l’approuve et part avec l’inspectrice aller interroger l’occultiste hongrois dans son nouveau domicile parisien.

M. Finkelstein reçoit les agents de la BMS avec gratitude d’autant plus qu’ils lui ont permis de se réfugier en France avec sa famille et de fuir les persécutions antisémites en Hongrie (Voir dossier « Nem vagyunk angyalok »). Dumort lui donne une copie de la lettre écrite le 28 avril 1923 par l’occultiste Isvan Vak, créateur du cube, destinée à Janos Hegedus réfugié en France. La lettre est écrite en Hongrois runique et Dumort en veut une traduction fidèle, car chaque détail compte. Finkelstein s’exécute et donne la traduction suivante :

« Cher ami,

Ca y’est, je l’ai mis en sécurité. L’hiver j’y trouve même mon avantage j’ai réussi, en utilisant une variante des rituels de Yog-Sothoth, à établir un portail spatio-dimensionnel stable dont la clé est le schéma ci-joint.
Il s’agit d’un portail immensément plus table que les voyages hasardeux de ce pauvre Noske que vous vous perdez à considérer. Je reconnais que ses travaux m’ont bien servi pour le choix de la destination, mais il n’a fait que prolonger sans talent les derniers travaux de Von Juntz. Mais j’en viens au lieu ou j’ai mis le Korlat : il s’agit de Thétis, un lieu définitivement à l’abri de tous les pouvoirs divinatoires terrestres, la sécurité optimum pour un ouvrage d’une telle importance. Noske avait cartographié l’emplacement d’une construction dans la jungle, un temple des Grands Anciens dans lequel j’ai posé le livre. Il y restera jusqu’à ce que vous décidiez un jour d’éventuellement le consulter - je garderai la clé à votre disposition. Puissent ceux qui viendront après nous l’y laisser définitivement...

Bien à vous,

Isvan Vak »

Le nom de Thétis dit vaguement quelque chose à Dumort qui pense l’avoir lu dans un des nombreux ouvrages occultes qu’il a étudié. Il souhaite approfondir ses recherches et observe que le nom de Noske mentionné dans la lettre fait sans doute référence à Werner Noske, un occultiste vivant à Vienne avec qui Janos Hegedus correspondait. Comme le 2eme bureau s’est chargé d’enquêter sur les occultistes d’Autriche lors de la précédente affaire, Dumort fait les démarches nécessaires pour se faire communiquer les rapports d’enquête.

Pendant ce temps, un convoi militaire vient chercher le cube au quai des orfèvres. Il repart suivi d’une traction avant de la BMS dans laquelle se trouvent les inspecteurs Bonfils, Foccard, Lanquetot et Cohen. Ils suivent le convoi au fort d’Ivry et découvrent que les militaires ont aménagé une salle d’expérience dans un souterrain du fort, une salle tout en longueur ressemblant à un champ de tir. Dans cette salle se trouve plusieurs capteurs et instruments de mesure qui sont immédiatement utilisés pour une série de tests assez ennuyeux. Le temps passe et pendant les jours suivant les agents qui se relaient sur le site n’ont rien de concret à communiquer au quai des orfèvres, si ce n’est la présence d’un polytechnicien, un certain Georges-Jean Painvin, spécialiste du chiffre qui recherche l’algorithme permettant de reconstituer les six faces du cube. Le commissaire Antiphon, polytechnicien de la BMS, indique aux agents qu’il s’agit d’une célébrité : major de la promotion 1905, il est l’homme qui décrypta le chiffre allemand pendant la grande guerre, permettant de prévenir l’attaque sur Paris en avril 1918 !

Au bout de quelques jours de démarches, Dumort parvient à obtenir du 2eme bureau copie des rapports d’enquête sur les occultistes hongrois mentionnés dans les correspondances de Janos Hegedus.

Rapport d’enquête - SECRET

Equipe : lieutenant d’Azincourt / aspirant Mérieux /sergent-chef Guiral

Objet : Enquête sur l’occultiste autrichien Werner Noske

Werner Noske est actuellement considéré comme mort. Né à Graz en 1862, il étudie l’astronomie à l’université de Vienne de 1881 à 1889. Il gagne sa vie en collaborant à plusieurs revues scientifiques et en donnant des cours à l’université impériale. Il est aussi connu pour son attrait pour les sciences occultes. Il se marie le 6 juin 1890 à Maria Loerzer à Vienne, mariage duquel naissent deux enfants : Frantz en 1892 et Lisa en 1895. Madame Maria Loerzer est décédée d’une bronchite grippale en 1919. Frantz Noske est tué pendant la guerre en Galicie en 1917 alors qu’il servait dans un régiment d’artillerie avec le grade de leutnant der reserve. Werner Noske vivait depuis son mariage à Vienne au 24 Franz Schubert Strasse. Le 19 août 1928, après quatre jours d’absence de l’université, la police alertée par ses collègues d’université entre dans l’appartement : Monsieur Noske n’y est pas, la maison étant fermée à clé. Une forte odeur émanait de la cave selon les voisins, M et Mme Husch qui habitent toujours sur les lieux. En 1936, la succession de M. Noske est ouverte et la maison revient à sa fille, qui la vend à ses actuels occupants, M et Mme Schafner.

L’autre rapport sur le second occultiste est plus court :

Objet : Enquête sur l’occultiste autrichien Walter Graser

Walter Graser vit au 88 Kaiser Wilhelm Strasse à Vienne. Il est écrivain et a publié plusieurs ouvrages occultes que l’on trouve encore dans les librairies de Vienne. D’après sa propre biographie, il est né en 1876 et fait des études littéraires à Vienne. Il est marié en 1894 avec Teresa Kovalzky dont il divorce en 1908, sans enfants. Il sert pendant la guerre en état-major avec le grade de Hauptmann. Monsieur Graser est d’un naturel taciturne et a refusé de nous parler de ses correspondances avec Hegedus. D’après enquête de voisinage, il vivrait maritalement avec une certaine Eva Kollner.

Le 16 mai 1938, le téléphone retentit au quai des orfèvres. Un agent de la BMS resté au fort d’Ivry indique que les militaires ont reconstitué les six faces du cube et que trois d’entre eux sont volontairement partis dans le vortex qu’il a déclenché ! Laspalès, apprenant la nouvelle, a un long soupir : les militaires jouent avec le feu. Il ordonne à toute son équipe de permanence de se rendre au fort d’Ivry...

Carnage au fort d’Ivry.

Dans l’après midi du 17 mai 1938, les agents Cohen Desprès, Lanquetot et Durant sont au fort d’Ivry avec de nombreux militaires dans les souterrains, à attendre le retour éventuel des militaires partis avec le cube. Le commissaire Dumort est pour sa part parti faire des recherches en bibliothèque pour trouver dans quel ouvrage occulte est mentionnée la planète Thétis. On trouve parmi les militaires une équipe de scientifiques, mais aussi quelques hommes en armes dont un groupe de tirailleurs sénégalais encadrés par un sergent. On trouve dans la salle deux FM 24/29 et une mitrailleuse Saint-Etienne... Vers 16h38, le vortex réapparait, avec 2 hommes dont 1 a le bras sectionné. Tout de suite après apparaît un gros monstre carapacé qui tue l’agent du 2e bureau revenu intact. Puis c’est le carnage. Les soldats armés fuient ou tirent dans tous les sens tandis que la bête tue des soldats à tour de bras (de pinces). L’agent Jeremiah Cohen est projeté contre le mur. Il se roule sous la créature, manquant de peu d’être piétiné, et tâche de la tuer en lui tirant par-dessous. Il parvient à la blesser mais se fait finalement broyer par ses pinces. Epouvantés, les 4 agents de la BMS fuient avec certains militaires dans la cour du fort d’Ivry. La bête reste massacrer ceux qui n’ont pas pu se frayer un chemin dans le couloir de sortie, puis parvient à s’y faufiler et à sortir dans la cour. Pendant ce temps, les agents Foccard et Bonfils sont entrés dans un char Renault FT 17, Foccard au poste de pilote et Bonfils en tourelle. Foccard essaie de démarrer l’engin tandis que Bonfils constate que le canon de 37 mm n’est pas chargé... Annie Durant entre au poste de pilotage d’un autre char et peine à s’y faufiler, à cause de sa grande taille. Lanquetot, comprenant que les armes des chars ne sont pas approvisionnées, court dans la cour en sens inverse pour entrer dans le bâtiment du dépôt de munitions. C’est précisément au milieu de la cour qu’il se trouve quand la bête surgit. Elle court vers lui et l’intercepte aisément, il n’esquive pas le coup de pince et se trouve saisi au bras gauche qui est broyé - il tombe dans le coma en raison de la douleur et du choc. Courageusement, Foccard démarre le FT 17 et fonce sur la créature, qui délaisse Lanquetot et fonce sur le char. Le choc est rude mais le FT 17 tient le choc, même si Bonfils se sent à l’étroit dans la tourelle blindée que tente d’écraser la bête. Foccard évite de rouler sur le corps de Lanquetot mais écrase trois pattes de la créature, les brisant : elle est immobilisée. Bonfils sort de sa tourelle tandis que le char poursuit sa route. A l’autre bout du fort, le colonel Collot hurle des ordres à des soldats qui mettent un canon de 75 mm en batterie. Bonfils s’approche pour essayer de tirer hors de danger le corps de Lanquetot, mais il change d’avis en voyant les pinces de la créature. Foccard fait alors faire un demi-tour à son char et fonce le mettre entre la créature et le corps inanimé de son camarade, tandis que le canon tire et part se loger en haut d’un des murs du fort. Le 2e coup de canon touche la créature de plein fouet et la fait exploser en projetant une masse de lambeaux gluants. Le FT 17 est durement secoué et commence à prendre feu, réservoir atteint par un éclat. Foccard en sort à moitié sonné : il a néanmoins réussi à sauver son camarade de l’explosion.

Mais pas de ses blessures antérieures. Quand les brancardiers arrivent avec un médecin, ce dernier ferme les yeux de Lanquetot en annonçant, désolé, qu’il vient d’expirer. Bonfils a alors la présence d’esprit de se précipiter dans le souterrain : il y trouve un véritable carnage avec des morceaux d’entrailles projetés contre les murs. Le militaire revenu le bras coupé respire encore faiblement. Ses dernières paroles seront « Les boches... Ils sont là... Ils essaient... Ils vont... », puis il expire. Bonfils s’empare alors de son appareil photo, puis surtout du cube, et, profitant de la confusion, parvient à quitter le fort avec et à rentrer au quai des Orfèvre. On remonte 11 cadavres des souterrains, certains horriblement mutilés.
Les photos sont développées et leur contenu est effrayant : elles montrent une végétation luxuriante de jungle tropicale, peuplée de créatures extra-terrestres menaçante (dont la dernière, responsable du carnage). Détail inquiétant, on voit à deux reprises un hydravion dans le ciel, preuve que les allemands sont déjà là. Ils ont trouvé un moyen de voyager autre que le cube, les travaux de Noske ou ceux de Von Juntz dont il est fait mention dans la lettre d’Isvan Vak. Ils cherchent le livre... Achenar Dumort a pour sa part retrouvé dans la bibliothèque le nom de Thétis : il s’agirait ni plus ni moins qu’une planète à l’autre bout de la galaxie, mentionnée dans certains ouvrages occultes.

Les agents de la BMS se concertent et concluent qu’il leur faut agir pour trouver le livre avant que les nazis ne le fassent. Il leur faut voyager au moyen du cube sur Thétis, et, pour prendre les nazis de vitesse, trouver des indications plus précises sur l’endroit précis où se trouve le temple des grands anciens. L’inspecteur Focard suggère d’aller en Hongrie interroger de nouveau le mystérieux Isvan Vak : ses collègues l’approuvent, mais conviennent d’informer le 2e bureau de leur démarche pour obtenir leur soutien logistique indispensable.
C’est alors que retentit le téléphone dans la salle de réunion. Un agent décroche :

« C’est l’hôpital militaire Hippolyte Larrey ! »

« Du cul ! » souffle un agent, déclenchant quelques ricanements.

« Lanquetot... Ils l’ont mis à la morgue... Il est vivant ! »

Cette nouvelle stupéfie les agents. Une partie d’entre eux se précipite pour aller au chevet de leur collègue, qu’ils trouvent le bras dans un plâtre et assis sur son lit, bien qu’un peu faible. Le médecin major explique qu’il n’a jamais vu ça, bien qu’ayant entendu parler pendant la guerre de plusieurs cas semblables de blessés qu’un choc a plongé dans un état de catalepsie proche de la mort. Quoi qu’il en soit, le médecin est très pessimiste sur les capacités de Lanquetot de retrouver l’usage de son bras. L’intéressé est en tout cas assez en forme pour refuser de s’aliter - il quitte l’hôpital avec ses collègues, malgré les protestations des médecins.

Pendant ce temps, une délégation de la BMS comportant le commissaire principal Laspalès, le commissaire Dumort et l’inspecteur principal Bonfils se rend aux Invalides, le siège du 2e bureau, pour faire à Collot de leurs découvertes. Ce dernier avale de travers quand il se rend compte que la BMS lui a subtilisé le cube mais ces derniers ont autant à lui reprocher sur sa façon de faire des expériences à la hussarde. Les deux services finissent par s’entendre et Laspalès obtient la mise à disposition d’un avion rapide, un Caudron C 670, qui pourra partir dès demain pour la Hongrie où ses hommes iront interroger Isvan Vak.

Voyage express en Hongrie

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Caudron C 670

Au matin du 18 mai 1938, plusieurs agents de la BMS sont déjà à l’aéroport du Bourget pour la mise au point ud voyage express vers la Hongrie, à bord d’un prototype Caudron Cyclone militaire mis à disposition par le 2e bureau. Ils espèrent se poser clandestinement près de Vezprem, au nord du Lac Balaton, et de se diriger sur des cyclomoteurs embarqués à la maison de l’occultiste pour l’interroger. Le Caudron C 670, prototype abandonné de bombardier rapide, est supposé voler assez vite pour distance la chasse locale en cas de mauvaise rencontre.... L’inspecteur Pierremont en assure le pilotage. L’avion n’a que trois places mais suffisamment d’espace dans le fuselage et de performances pour transporter d’autres passagers : embarque ainsi le commissaire Dumort et les inspecteurs Bonfils, Foccard, Durand ainsi que l’inspecteur Lanquetot qu’on ne laisse monter qu’avec hésitation, en raison de son état. L’avion décolle et l’inspecteur Bonfils, assis à la place du navigateur, peut compter sur une météo exceptionnellement clémente qui leur assure un passage sans encombre de la Suisse. Ils se repèrent à la courbe du Danube et repèrent le lac Balaton, puis trouvent une parcelle défrichée suffisamment longue à côté du village de Bakonybel pour tenter un atterrissage. Pierremont réussit d’ailleurs un atterrissage parfait et l’équipe de la BMS monte les 3 cyclomoteurs pour se diriger au village, le pilote restant assurer la garde de l’avion. Menés par Dumort et Bonfils qui visitèrent les lieux quelques mois plus tôt, les agents retrouvent la maison de l’occultiste mais celle-ci est vide. Ils interrogent les voisins du mieux qu’ils peuvent car personne ne parle Hongrois parmi eux. Après quelques errements, ils finissent par trouver un locuteur francophone (l’instituteur du village) qui leur indique que M. Isvan Vak a disparu, quelque temps avant que des militants des croix fléchées ne se mettent à fouiller sa maison... Il n’en faut pas plus aux agents pour comprendre qu’ils n’auront rien à trouver, et rentrent immédiatement à l’avion. Ils y trouvent Pierremont en grande discussion avec un garde-champêtre qui lui parle Hongrois. Pierremont indique à ses collègues que le garde-champêtre a trouvé l’avion avec un collègue à lui, qui est parti sans doute chercher du renfort, aussi il conviendrait de filer rapidement pour éviter les ennuis... Les agents montent dans l’avion tandis que le garde-champêtre mouline des bras et s’énerve, tout en hurlant en hongrois. Il commence à sortir son arme mais les six agents de la BMS en font autant - il comprend qu’il a affaire à plus forte partie et laisse désormais faire la manœuvre, d’autant plus que les agents lui retirent ses cartouches. Le Caudron décolle et prend l’air vers 18 heures en frôlant la cime des arbres, et se dirige vers l’ouest. Pierremont peut voir les lumières de Vienne avant la tombée de la nuit. Il vole aux instruments vers la France et se posera sans encombre au Bourget pendant la nuit.

Expériences à Mourmelon

Le matin du 19 mai 1938, après une nouvelle réunion de concertation entre les services de la BMS et le 2eme bureau, il est décidé de faire un nouveau test des capacités de voyage dimensionnel du cube, mais conduit cette fois -ci par des agents de la BMS lourdement armés. Pour sécuriser l’expérience au mieux, elle se déroule dans un emplacement discret du champ de manœuvres de Mourmelon, avec une batterie de canons prêts à pulvériser toute créature qui serait tentée de faire le chemin retour.
Les courageux explorateurs sont le commissaire Dumort (qui tient le cube), ainsi que les inspecteurs Pierremont, Bonfils et Focard tandis que l’inspectrice Durand et l’inspecteur Lanquetot assistent aux essais mais restent avec les militaires. Quand Dumort exécute la combinaison du cube, un halo d’énergie bleue se forme autour du cube et s’étend comme un ballon qui se gonfle. Quand Dumort fait le dernier mouvement, les agents se trouvant à l’intérieur du globe disparaissent aux yeux des témoins. Mais ils sont en réalité dans une sorte de tunnel aux parois bleues transparentes, d’où l’on voit le cosmos... Ils glissent à grande vitesse dans ce tunnel de lumière et déboulent sur la planète Thétis, dans une petite clairière entourée d’une jungle épaisse. Deux créatures extra-terrestres ressemblant à des fauves à six pattes se disputent les restes d’un humain (le 3e agent du 2eme bureau). Les agents font feu de toutes leurs armes et abattent les créatures. En inspectant les lieux, ils ne trouvent rien d’intéressant et se hasardent à explorer quelque peu les alentours. Ils entendent vite le bruit d’un moteur et voient passer en vol un hydravion Arado 196 aux couleurs allemandes, visiblement en mission d’observation de la jungle. Dumort fait remarquer qu’ils étaient venus pour tester les capacités du cube et qu’il serait bon de rentrer avant de finir comme l’équipe du 2e bureau. Les agents approuvent facilement tant la jungle leur parait menaçante et reviennent sur terre avec le même mode de transport qu’à l’aller - l’inspecteur principal Bonfils a l’impression de voir dans le tunnel une créature quadrupède efflanquée qui ne le remarque heureusement pas.

De retour sur terre, leur récit est longuement examiné par leurs supérieurs. Dumort et Focard suggèrent d’effectuer un voyage dans un avion en vol, dans lequel prendrait place le manipulateur du cube : l’entrée du vortex crée par celui-ci est suffisamment grand pour faire entrer un avion. De plus, arriver sur Thétis en vol donnerait un avantage sur l’exploration de la zone, et permettrait de découvrir le camp où ne manquent pas de se trouver les nazis du major Goëssler. L’idée est approuvée en haut lieu après débats, on opte pour un appareil militaire armé, un Potez 630 moderne dont un est réquisitionné sur la base de Villacoublay le 20 mai.

L’avion est un triplace et l’équipage est composé de l’inspecteur principal Bonfils aux commandes, du commissaire Dumort en observateur avec le cube et de l’inspecteur Pierremont en mitrailleur arrière. Bonfils a rarement piloté de bimoteur mais est un pilote expérimenté qui s’adapte sans difficulté à l’appareil après un vol d’essais en double commande avec le pilote de l’armée de l’air qui a amené l’appareil, le lieutenant de Mirbeck. L’expérience est conduite dans l’après-midi : le Potez décolle de Villacoublay et gagne de l’altitude. Il est alors à peine visible du sol. Dumort actionne le cube... Il attend le plus longtemps possible avant de faire le dernier mouvement, de façon à laisser l’entrée du vortex la plus large possible. Le diamètre ainsi atteint avoisine les deux cent mètres de diamètre avant que le voyage interstellaire ne débute. Les agents se retrouvent dans le même tunnel avec leurs hélices tournant au ralenti... Ils déboulent sur la planète Thétis, à la verticale de l’endroit où a déboulé l’équipe au sol. La vue est magnifique, ils survolent des collines escarpées de jungle à la flore extraterrestre. Entre les collines serpente une rivière qui déboule sur un lagon, puis donne sur un vaste océan sur lequel ils voient s’ébattre un immense cétacé. Le soleil couchant donne à l’ensemble des colorations féériques... Les agents remarquent près du lagon une zone défrichés, qui est un camp militaire où les nazis se sont installés. Dans le lagon stationnent deux hydravions, un gros Dornier 24 à coque qui peut transporter une petite troupe, ainsi qu’un petit Arado 196 à flotteurs, petit hydravion monomoteur triplace. Après concertation, ils décident de couper le moyen de retour des allemands qui ont sans doute fait le voyage dans le Dornier. Bonfils pique et fait une passe de mitraillage ; il vide les chargeurs de ses deux canons de 20 mm sur le Dornier qui explose, réservoir touché. Quand il redresse, Pierremont prend le relais avec la mitrailleuse dorsale et vise le petit Arado. Il en tue le pilote qui montait sur l’aile, mais ne constate pas d’autres dégats. Le Potez recevant plusieurs impacts de balles tirées du sol d’armes légères, ils décident de rentrer immédiatement par le cube et réapparaissent au dessus de Villacoublay. Ils se posent sans histoires et rendent le Potez à l’armée de l’air. Le lieutenant de Mirbeck est plutôt perplexe en découvrant quelques impacts de balles sur son appareil...
Rentrés à Paris, un plan d’action est décidé dans l’urgence dans les bureaux du 2eme bureau et de la BMS, pour investir la planète Thétis et y trouver le livre avec les allemands.

A l’assaut de Thétis

Avec l’appui du 2e bureau, on réunit dans l’urgence une équipe d’assaut d’une vingtaine de soldats sûrs qui prendront place dans un gros hydravion de transport Breguet Bizerte. Ils seront accompagnés de 4 chasseurs Dewoitine 510 armés de grenades antipersonnel destinées à neutraliser toute résistance dans la base allemande. Le Breguet décolle le 22 mai 1938 de la base de Cherbourg, à son bord se trouve le commissaire Dumort qui manipule le cube, ainsi que l’inspectrice Annie Durand et l’inspecteur-chef Lanquetot plus le commando d’assaut du 2e bureau équipés de MAS 36 et FM 24/29. Les quatre Dewoitine 510 sont pilotés par les inspecteurs Bonfils, Despré et Pierremont ainsi qu’un pilote de l’armée de l’air. Le vortex est crée sur la Manche et le voyage s’effectue sans difficulté, arrivant toujours à la verticale de l’endroit où mit le pied le premier commando.

Ils piquent sans tarder sur la base allemande qui est désertée de tout avion, excepté l’épave du Dornier. Les Dewoitine mitraillent la base et larguent leurs grenades, tandis que le Breguet se pose dans le lagon. Quand le commando débarque, la résistance est très réduite et la base est investie sans pertes - les Dewoitine se posent sur la piste défrichée. On trouve 8 cadavres d’allemands, des survivants ayant peut-être fui dans la jungle.
Pendant 2 jours, les agents envoient des patrouilles quadriller la zone à partir de l’endroit où ils apparaissent au moyen du cube, avantage que n’avaient pas les allemands. Ils y accèdent à partir de leur camp en remontant en canot la rivière se jetant dans le lagon, et finissent par trouver le temple des Anciens dans une zone escarpée. Mais ils doivent, en progressant dans la jungle, affronter une faune dangereuse : 1 soldat disparait après avoir fui de terreur après qu’un arbre eut tenté de dévorer l’inspecteur Bonfils... Dans le temple, une créature informe ressemblant à une limace est plaquée contre une paroi et bloque un peu le chemin conduisant à l’autel où se trouve un coffre. Les agents sont nerveux sur la conduite à tenir. Mais l’inspectrice Annie Durand observe qu’il n’est peut-être pas dangereux : elle se faufile courageusement le long du mur opposé et revient avec le coffre, qui contient le précieux Korlat.

L’équipe revient au camp et tout le monde plie les affaires, non sans avoir fait une photo souvenir avec un drapeau français face à la jungle. Alors que les préparatifs du départ sont en cours apparaît au large, dans le ciel à la verticale de l’océan, une lueur bleutée faisant penser au vortex du cube. En observant à la jumelle, on y voit des petits points dans le ciel. Il s’agit d’une escadrille d’avions et tous les appareils français décollent précipitamment, le gros Breguet Bizerte en dernier comprenant Achenar Dumort qui possède le cube. Le temps que le gros trimoteur français prenne suffisamment d’altitude pour former son vortex, les avions allemands, des Messerschmitt 109 B (plus quelques Junkers 87 qui restent à l’écart), fondent sur le groupe et les Dewoitine 510 doivent faire face. Le combat aérien est furieux. 2 Messerschmitt sont vus tomber mais le Dewoitine piloté par Despré est touché au moteur lors d’une passe frontale, son hélice se mettant en drapeau. Il parvient à descendre en vol plané jusqu’au Breguet Bizerte au moment du départ du vortex, qui ramène avec lui les quatre Dewoitine... et un Messerschmitt qui se retrouve au large de Cherbourg. Volant à l’intérieur des terres, il se posera en Picardie où l’avion et son pilote seront capturés par la gendarmerie locale.

Ainsi se termine la première mission interstellaire française, ayant ramené de la planète Thétis le plus terrible livre de sorcellerie après le Nécronomicon : le Korlat. Pour l’heure, des pourparlers sont engagés entre le 2e bureau et la BMS pour savoir ou mettre le livre en sécurité. On n’en sait pas plus pour l’instant...

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