A l’aide d’une machine diabolique, une organisation criminelle nommée "la Main Rouge" prend possession de l’esprit du président de la république, Monsieur Emile Loubet, et menace de sa bouche de le tuer si une rançon considérable n’est pas versée !
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10 août 1904. Le matin, alors que les journaux titrent sur une bataille navale entre les marines russes et japonaises en mer de Corée, les commissaires principaux Faivre et Conti sont convoqués d’urgence à la Présidence du Conseil par son occupant en titre, Monsieur Emile Combes lui-même. Il se passe quelque chose d’extraordinaire : quelqu’un tient la vie d’Emile Loubet, le Président de la République, en otage ! Faivre et Conti se rendent à la résidence du Président du conseil accompagnés de leurs meilleurs agents (les personnages-joueurs), ils trouvent dans son bureau un Monsieur Combes fort inquiet en discussion avec le professeur Bontemps, un aliéniste réputé. Les présentations d’usages accomplies, Combes leur indique que ce qui suit est strictement confidentiel et ne doit en aucun cas sortir de ces murs. Il en va de la sécurité nationale ! Puis il leur raconte le dernier conseil des ministres d’hier après-midi, qui s’est déroulé comme à l’ordinaire quoique le Président ait eu l’air un peu absent, comme préoccupé par une migraine. Le conseil passé, il a demandé à le rencontrer en privé avec les principaux ministres. Là, il s’est adressé à eux le regard vide et parlant d’une étrange voix métallique :
« Messieurs, c’est bien le Président de la République que vous avez en face de vous mais ce n’est pas lui qui vous parle. La Main Rouge contrôle désormais son corps, et voit ce qu’il voit. Si vous n’obtempérez pas à nos instructions, nous le tuerons par un arrêt cardiaque ! Nous exigeons la libération des condamnés François Lecuyer, Ursule Lefert, Carlo Fosti, et Jean Toroge qui se trouvent à la prison de la santé. Une voiture les attendra ce soir à 23 heures devant la porte de la prison. Si cette voiture est suivie par la police, le Président sera exécuté. »
Loubet s’est ensuite effondré, victime d’un malaise cardiaque, et le médecin de l’Elysée l’a rapidement ranimé. Il s’est en fait vite remis, mais ne se souvenait pas de ce qu’il nous avait dit. Pour lui il a eu juste un petit malaise après le conseil des ministres. J’ai fait jurer le secret aux ministres témoins de la scène, mais l’un d’eux à dû cafter, car des rumeurs commencent à gagner l’assemblée nationale ! J’ai ordonné à la police de renforcer la surveillance de l’Elysée, et suis rentré chez moi, tâchant d’oublier ce mauvais cauchemar. A 23h30, je suis réveillé par un coup de fil du Président, me parlant de sa terrifiante voix métallique, et me disant que rien n’a été fait pour la libération des prisonniers, et que la Main Rouge était en colère de ne pas avoir été prise au sérieux, et qu’une sanction aura lieu demain. Il a raccroché en disant qu’il me convoquait aujourd’hui à 11h00 à l’Elysée. Qu’en penser ? Que faire ? Est-il fou ? Hypnotisé par un magnétiseur ? Drogué ?
Tandis que le professeur Bontemps tente une explication rationnelle de la situation, Faivre regarde sa montre à gousset et rappelle que l’heure approche. Tout le monde part alors pour l’Elysée, un peu nerveux... Pour trouver le Président de la République dans son bureau, les recevant d’un air glacial. Il dit d’une voix métallique : « Monsieur Combes, malgré le malaise cardiaque dont a été victime le Président devant vos yeux, vous êtes encore sceptique. Cela nous énerve. Aussi, pour vous convaincre, vous enverrez vos hommes de confiance aller voir votre prédécesseur à la Présidence du Conseil, il aura des choses à vous révéler. Ensuite, nous reparlerons des exigences de la Main Rouge. A présent, laissez-nous. »
Le précédent Président du Conseil n’est autre que Monsieur Waldeck-Rousseau, actuellement député, et qui doit se trouver à l’assemblée nationale. Les inspecteurs de la BMS se précipitent à l’assemblée en voiture, et trouvent Monsieur Waldeck-Rousseau accoudé à la buvette de l’assemblée nationale. Voyant les policiers, il les salue poliment, assez surpris. Fort à parier que les joueurs voudront parler avec lui au calme. Quoi qu’il en soit, qu’il invite les joueurs dans son bureau ou non, il leur déclarera brusquement d’une inquiétante voix métallique : « Messieurs, la Main Rouge est contrainte, à regrets et en raison du stupide entêtement de Monsieur Combes, de faire la preuve de son pouvoir. Aussi nous allons supprimer Monsieur Waldeck-Rousseau. Dites à Monsieur Combes que s’il n’obtempère pas, il sera notre prochaine cible ! La Main Rouge vous dit à toute à l’heure, chez le Président de la République ! ». Puis, devant les yeux impuissants des personnages-joueurs, il succombe à une attaque cardiaque... Il avait à peine soixante ans.
Retour à l’Elysée. Loubet, d’une voix métallique, s’adressant à Combes : « Etes-vous convaincu, cette fois-ci ? La Main Rouge vous ordonne de procéder à la libération des condamnés précédemment énoncés, pour ce soir à 23 heures. Ne tentez pas de les suivre. Il n’y aura pas d’autre avertissement ! »
Combes réunit les policiers et leur annonce : « Messieurs, le gouvernement va céder aux exigences de ce ou ces criminels qui possèdent le Président de la République. Mais uniquement pour gagner du temps pour vous permettre de découvrir leur repaire et de les arrêter ! Agissez dans la discrétion, et n’oubliez pas que la vie du Président est en jeu au moindre faux pas. Vous êtes la dernière chance de la République, Messieurs, le gouvernement compte sur vous ! »
Faivre et Conti en repassent une couche sur les agents, qui peuvent maintenant enquêter sur cette terrifiante affaire.
– Les proches du Président : son épouse et son médecin assurent qu’il a eu des maux de tête depuis une semaine environ. Il n’a pas quitté le palais de l’Elysée.
– Les proches de Monsieur Waldeck-Rousseau : sa femme indique qu’il souffrait de terribles migraines depuis le début de la semaine dernière, sauf le week-end où il sont partis à Deauville. L’air marin lui a sans doute fait du bien. Mais il a eu des troubles de mémoire sur ce qu’il a fait pendant la semaine. Elle a découvert qu’il est allé à sa banque jeudi dernier, ils se sont disputés à Deauville à ce sujet. Il disait qu’il ne s’en souvenait pas. En enquêtant à la banque, les agents découvriront que Monsieur Waldeck-Rousseau a fait un énorme retrait en liquide. Il était accompagné d’un homme au signalement quelconque, à qui il a remis la valise contenant l’argent de son retrait...
– Les criminels n’ont aucun lien entre eux. Ce sont juste des experts dans leur « art » : François Lecuyer est un pickpocket très adroit, Ursule Lefert est le meilleur perceur de coffres-forts de France, Jean Toroge un braqueur de banques sanguinaire (9 meurtres) dont la condamnation à mort ne fait aucun doute. Quant à Carlo Fosti, c’est un escroc qui a détourné une fortune considérable qui est d’ailleurs toujours cachée quelque part et dont il a évidemment refusé de dire à la justice où il l’a cachée... En épluchant le dossier de chacun, on découvrira (bibliothèque) que Carlo avait à l’époque de sa splendeur une maîtresse, Cora Sperber, qu’il a toujours revu dans sa vie. Cette dame possède maintenant un cabaret, « la Lanterne », et mène une existence respectable. On se demande comment elle a pu se constituer si vite un petit capital pour ouvrir ce cabaret... Les agents la font surveiller et mettre son téléphone sur écoute.
Le 10 août au soir, les quatre prisonniers sont libérés. Une camionnette les attend, disparaît car les agents jugent prudent de ne pas essayer de la suivre.
Le lendemain 11 août, alors que les journaux titrent sur l’évasion spectaculaire de quatre dangereux détenus, la Main Rouge demande maintenant une livraison de 10 camions chargés de lingots d’or de la banque de France à charger sur un navire qui appareillera au Havre dans deux jours ! Combes cède, mais il sent qu’il ne pourra pas faire plus sans une réaction des chambres...
C’est alors que l’après-midi à 14h, Cora Sperber reçoit un coup de fil très intéressant. Les malfrats sont manifestement peu au courant des possibilités techniques d’écoute offertes à la police... : « Cora ? C’est moi, Carlo ! Je suis en cavale, des types que je ne connais pas m’ont fait évader avec d’autres détenus. Ils nous ont emmenés dans une cave et ont essayé de nous enrôler dans leur organisation, mais j’ai pu m’évader grâce à François, un compagnon d’infortune. On doit être recherchés à la fois par les flics et ces gars. Rend-toi sur la Place Saint-Michel, amène de l’argent, et fais attention de ne pas être suivie. Les flics peuvent avoir un œil sur toi. J’y serai dans une heure avec François. A tout à l’heure. »
A 15h, Cora est sur la terrasse d’un café. Puis arrivent Carlo et François, qui traversent la rue et vont à la rencontre de Cora. C’est alors qu’une Panhard Lavasseur 5cv passe dans la rue et leur tire dessus au browning et au fusil de chasse, les tuant sur le coup ! Intervention des policiers de la BMS, fusillade, et poursuite en voiture qui se termine le long des quais de la Seine... Les trois sbires de la Main Rouge combattent jusqu’à la mort. Pas de papiers sur eux... Quelques tickets de métro compostés à la station Grenelle donnent une vague indication où ils doivent habiter, dans le 15e. Mais plus intéressant, deux d’entre eux possèdent une étrange clé qu’un expert de la police reconnaîtra comme étant les passe-partout que possèdent les agents d’entretien de la tour Eiffel. Dans le coffre, d’étranges outils plus ou moins liés à des travaux électriques...
C’est en effet sur la tour Eiffel que se trouve l’émetteur de la machine infernale de la Main Rouge permettant les possessions de malheureuses victimes. Quatre agents de la Main Rouge s’y trouvaient, dont un en bas à l’ascenseur de service. Ayant vu les policiers fortement armés monter dans l’ascenseur, il les laissa faire, prévint par téléphone ses 3 complices stationnés en haut, et sabota l’ascenseur qui stoppa brusquement entre le deuxième et le troisième étage. Il commencera à descendre tout doucement, puis de plus en plus vite vers une mort atroce... Les agents eurent la présence d’esprit d’ouvrir la porte et de sauter sur une poutrelle.
C’est sous le plancher du 3e étage que se trouvait l’émetteur de la machine infernale, défendu par 3 hommes armés de clés à molette et de Browning. Les agents y accédèrent comme un équilibriste en remontant les poutrelles après la chute d’ascenseur. Un combat eut lieu à l’arme blanche sur une poutrelle contre les hommes de la Main Rouge (« A moi la Main Rouge ! »), qui occasionna plusieurs sueurs froides.
Les hommes neutralisés, l’émetteur a pu être coupé, ce qui prit un peu de temps. Une inspection permit de découvrir des fils d’alimentation électrique qui descendaient de la tour, serpentant dans les jardins, et suivent des poteaux dans Paris... C’est ainsi qu’en suivant ce fil d’Ariane les agents purent découvrir le repaire de la Main Rouge à Paris.
Au sous-sol d’un immeuble, se trouvait une salle contenant des accumulateurs électriques puis plus loin la salle de contrôle avec un casque et un micro permettant à la Main Rouge de parler à travers le corps des victimes contrôlées. Sept gardes de la Main Rouge armés de Browning, tirèrent sur les agents cachés derrière les accumulateurs. Leur combat désespéré visait à couvrir la fuite de leur mystérieux chef, qui parvint à s’échapper dans une petite Montgolfière qu’un ingénieux mécanisme permit de gonfler de façon express... Selon certains témoignages, il aurait été tué par des tirs venus du sol.
Quoi qu’il en soit, la police de la République triompha de ces ignobles malfrats, et l’histoire se terminera par une belle Légion d’Honneur posée sur la poitrine des agents par le Président Loubet !
Ce scénario a été présenté lors de la 30eme convention de jeux de rôles de Sup’Aéro (janvier 2009).