Sie sind hier !

Rapport de mission n° 106
Date de la mission: Juillet 1932
Agents :

La BMS est sollicitée par le gouvernement helvétique, conformément à un vieux traité d’assistance, pour aller enquêter sur un meurtre survenu dans un hôtel de Zurich. Un homme, un retraité fortuné, a été assassiné dans la nuit par on ne sait trop quoi. Son corps est complètement desséché. Son épouse, qui a assisté au drame, est placée dans un hôpital psychiatrique. Elle regarde les plafonds fébrilement et hurle "Sie sind hier !".

En se rendant sur place et collaborant avec des enquêteurs Suisses spécialisés dans le surnaturel, les agents de la BMS découvrent qu’une créature a bien été invoquée. Mais elle s’est trompée de cible et visait en fait le client de la chambre voisine, qui est actuellement en fuite. Il s’avère que cet homme, âgé de quatre vingt ans, venait d’Allemagne pour effectuer des retraits dans des coffres de banques suisses. Les agents de la BMS découvriront qu’il s’agissait du colonel Von Bock !

Une demande du gouvernement helvétique

Vendredi 8 juillet 1932. Alors que la journée touche à sa fin, les trois agents de permanence, l’inspectrice principale Valois ainsi que les inspecteurs Foccard et Belloni sont convoqués par le commissaire principal Laspalès. Ils ont la surprise d’apprendre qu’ils doivent partir immédiatement pour la Suisse pour mener une enquête à Berne à la demande du gouvernement fédéral helvétique. Le commissaire principal Conti, présent lors de l’entretien, leur apprend en effet qu’un traité secret datant de Napoléon offre à la Suisse l’assistance de la France pour l’enquête et la lutte contre les phénomènes surnaturels.

Le cas sur laquelle enquête la police Suisse semble pour le moins étrange : un couple de retraités apparemment sans histoires, M et Mme Zimmermann, ont été attaqués pendant la nuit du 7 au 8 dans leur chambre d’hôtel de Zurich par... quelque chose. Herr Zimmermann est décédé, son corps est entièrement desséché et recourbé, comme si tous ses fluides avaient été aspirés. Il est recouvert d’une sorte de mucus bleu... Le sol de la chambre est couvert de trous, comme rongé par l’acide. Quant à Frau Zimmermann, elle a été retrouvée dans la salle de bains, prostrée, regardant le plafond et criant « Sie sind hiiiiier... » (« Ils sont là !).

Un avion Farman Goliath est spécialement affrété pour cette mission, loué à la compagnie CIDNA. Le temps étant clément, il décolle pendant la nuit et les trois agents, bien que ballottés par les courants d’air, ont le privilège de voir un lever de soleil sur les Alpes.

Enquête à Zurich

Samedi 9 juillet 1932. Le Farman Goliath se pose le matin sur l’aérodrome de Zurich et les agents sont accueillis par le Kommissar Arno Furgler, de la Kriminalpolizei fédérale, assisté de ses adjoints les inspecteurs Müller et De Maizières. A la demande de la BMS, un interprête, M. Sylvain Boncourt, un attaché d’ambassade, est également présent. L’acceuil est chaleureux et après une petite conversation les agents ont le sentiment que leurs homologues helvétiques sont comme eux des professionnels du surnaturel ! Néanmoins, chacun essaie d’éviter d’en dire trop sur son service respectif.

Sans perdre de temps, les agents se dirigent en premier lieu à l’asile psychiatrique où est internée Fran Zimmermann. Il n’y a rien a en tirer, elle est en état de choc, prostrée dans un coin de sa chambre en regardant les angles du plafond de ses yeux de démente. Elle pousse de petits cris : « Sie sind hiiiier ! » Puis ils remontent dans leur voiture, et, conduits par Furgler, vont sur les lieux du crime à l’hôtel Glärnischhof, un luxueux établissement avec vue sur le lac. Furgler leur confie sa perplexité : l’enquête de moralité sur les époux Zimmermann n’a rien donné, c’étaient des gens fortunés et sans histoires. Aucune trace d’effraction dans la chambre 206 que visitent les agents : la fenêtre était fermée et intacte quand le personnel de l’hôtel, alerté par les cris, est entré pendant la nuit. Le cadavre desséché de Herr Zimmermann était sur le lit, sa femme prostrée dans la salle de bains. Ils photographient et analysent les trous dans le plancher, et semblent y découvrir la trace d’une grossière patte d’animal. En reprenant l’interrogatoire du personnel de l’hôtel, les agents découvrent que la pièce contenait une fumée suffocante et une odeur d’ozone...

Mais ils découvrent un détail qui avait échappé aux enquêteurs suisses : la chambre voisine de la 206 a été laissée assez sale par le client qui l’a laissée ce matin. Des résidus de mastic en tachaient le papier peint et le plafond sur les angles de la pièce... Autre découverte, deux curieux individus qui ne font pas partie de la police suisse tentent d’entrer pour fouiner sur les lieux du crime. Les agents de la BMS tentent de les appréhender, mais après une courte bagarre ceux-ci parviennent à s’enfuir dans les rues de Zurich !

Valois, Foccard et Belloni contactent alors la BMS à Paris à qui ils font un premier rapport. Après un bref échange télégraphique, ils déduisent qu’une créature s’est bien manifesté pendant la nuit : un terrible chien de Tindaloss, créature voyageant dans l’espace-temps et se matérialisant dans notre dimension à travers un angle. Cette abomination, mentionnée dans les plus sinistres ouvrages du mythe de Cthulhu, est réputée pour poursuivre ses proies avec acharnement. Elle visait visiblement le voisin de chambre des époux Zimmermann, qui s’est préparé à la recevoir en obstruant les angles de sa chambre.

D’après le registre de l’hôtel et le témoignage du maître d’hôtel, la chambre voisine était occupée par un citoyen allemand du nom de Konrad Hetsch, un octogénaire barbichu de bonne prestance, aussi svelte qu’élégant. Il est arrivé à l’hôtel l’après-midi du 7 juillet (son passeport indiquait qu’il est entré en Suisse le 6 juillet par Friedrichshafen), et a payé pour une nuit. Un groom se souvient lui avoir monté ses bagages. Puis il est sorti en ville, et revenu le soir avec une magnifique mallette neuve. Il a quitté l’hôtel le matin du 8 juillet avec ses valises (après le meutre), mais a laissé sa voiture (vide) dans le parking de l’hôtel.

Il est midi et les agents se restaurent avec les hommes de Furgler dans un restaurant du centre. Valois, aidée des Suisses, va mener une enquête en ville auprès des maroquiniers pour tenter de remonter la piste de Hetsch, tandis que Belloni et Foccard se rendent à la morgue examiner le corps de Herr Zimmermann.

Des agents allemands

Ces derniers découvrent alors qu’ils ne sont pas seuls... Trois hommes, s’étant présentés comme des policiers suisses au personnel de la morgue, examinent le corps et ses effets personnels. L’explication avec les agents tourne court : les coups de feu fusent ! L’inspecteur Foccard est touché et se fait tout petit derrière un meuble. Mais Belloni, qui n’en n’est pas à sa première bagarre, tire avec un grand sang froid et « refroidit » immédiatement un des faux agents, puis en blesse un deuxième qui s’enfuit sans tarder, suivi du troisième larron. Tandis de Foccard se fait soigner (ses blessures sont sans gravité), Belloni examine le corps de son adversaire : un passeport allemand, et un Lüger P 08 comme arme. Cela ressemble fort à un agent secret en mission... Quoi qu’il en soit, il n’a pas appris grand chose du corps de M. Zimmermann, dont l’examen m’amène rien de plus aux agents que ce qu’il y en avait dans leur rapport. Peut-être ces agents allemands ont-ils eu confirmation que ce corps n’était pas celui qu’ils attendaient de voir...

L’enquête de Valois permet en revanche de découvrir une piste intéressante. Aidée des agents suisses, elle découvre un maroquinier du centre qui se souvient avoir vendu une mallette à un homme correspondant au signalement de Konrad Hetsch. Celui-ci ci est ensuite allé à la banque en face de sa boutique, la Coutts Bank Von Erst SA.

Le Kommissar Furgler obtient sans difficulté les autorisations fédérales pour lever le secret bancaire sur les opérations faites à la Coutts Bank. En fin d’après-midi, le personnel de la banque révèle que Konrad Hetsch a ouvert un compte en janvier 1920, et qu’il a pris trois coffres situés dans les succursales de Wintertur, Zurich et Berne. M. Hertsch est venu se faire ouvrir son coffre le 7 juillet, pour en retirer son contenu qui devait tenir dans sa mallette.

Le vol de l’horreur

Les agents de la BMS se retrouvent et déduisent qu’Hertsch a dans ses coffres quelque chose que désirent ceux qui le poursuivent, et qui n’hésitent pas à utiliser le mythe de Cthulhu pour tenter de l’abattre ! Le chien de Tindaloss étant une créature très dangereuse, ils en déduisent qu’Hertsch ne l’est pas moins... Comme Wintertur est situé entre Friedrichshafen et Zurich, ils supposent que sa prochaine étape est Berne et décident sans tarder d’aller le cueillir dans cette ville en allant l’attendre à la banque. Les agents offrent à Furgler et ses hommes de voyager dans leur Farman, ce qu’ils acceptent volontiers. Le Farman décolle pour Berne vers 19 heures et survole la campagne suisse...

Mais un terrible choc secoue l’appareil. Le pilote et le copilote, dans leur habitacle à l’air libre, sont broyés par une force invisible ! Leur sans coule dans la cabine des passagers, tandis qu’un ricanement grotesque et inhumain se fait entendre. L’avion commence à pencher... Les agents de la BMS sortent leurs armes individuelles et tentent de faire feu sur la chose qui se fraie maintenant un chemin dans l’habitacle en tordant tout sur son passage. Terrorisés par cette force invisible qui tue un des inspecteurs de Furgler, les agents de la BMS et le commissaire suisse sautent dans le vide en prenant un parachute. Mais le cauchemard continue : le commissaire Furglar est littéralement dévoré au bout des suspentes de son parachute ! L’inspecteur Foccard touche le sol dans une forêt de sapins où son parachute s’emmêle, puis Valois tombe à proximité dans une prairie. Elle court dans la forêt pour secourir son ami. Quant à Belloni, il tombe au milieu d’une prairie. A peine se détache t’il de son parachute qu’il entend le ricanement sinistre de la créature invisible, dont il distingue les contour en raison du sang qu’elle vient d’absorber chez ses précédentes victimes. Il court comme un dératé vers la forêt où se trouve ses camarades qui attendent anxieusement, l’arme au poing, n’osant pas tirer à l’aveuglette... Le ricanement se rapproche, encore et encore, alors que Belloni estime qu’il ne parviendra pas à rejoindre le bois. Tentant le tout pour le tout, il s’arrête brusquement et vide son chargeur derrière lui vers l’horreur tentaculaire qui le poursuit. Son tir désespéré abat la créature ! Il s’agissait d’un vampire stellaire.

Se remettant de leurs émotions, les agents de la BMS gagnent Berne par leurs propres moyens pendant la nuit.

Un vieil ennemi

Dimanche 10 juillet 1932. A Berne, dès les premières heures de l’aube les agents reprennent contact avec les autorités suisses pour les avertir du tragique accident survenu au commissaire Furgler. Avec le concours de la police locale, ils lancent un avis de recherche sur Konrad Hetsch dans tous les hôtels de la ville.

Ils finissent par retrouver sa trace le soir sur le registre d’un hôtel. Le personnel révèle qu’il a fait réserver dans un restaurant où ils se rendent sans tarder. Là, ils découvrent un octogénaire très sec avec un monocle - les inspecteurs Valois et Foccard en déduisent qu’il s’agit du fameux colonel Von Bock !!!

Ils décident de procéder à son arrestation en douceur, en s’asseyant discuter à sa table tandis que Belloni surveille discrètement leurs arrières. La conversation entre les deux agents et le vieil officier prussien est des plus courtoises et des plus intenses. Von Bock est surpris de se voir ainsi démasqué mais sans se démonter offre des renseignements en échange de sa liberté et d’une coopération des agents à ce qu’il doit entreprendre ! Il révèle que les nazis venant de prendre le pouvoir en Allemagne, un de ses anciens lieutenants particulièrement dangereux, le major Goëssler, a pris sa place dans le service et cherche a mettre la main sur tous les grimoires occultes qu’il a fait mettre en lieu sur après l’armistice de 1918. C’est pour lui forcer la main que Goëssler a invoqué contre lui un chien de Tindaloss, afin qu’il aille en Suisse retrouver des grimoires contenant un sortilège permettant de renvoyer la créature. Von Bock propose ni plus ni moins que de donner des documents sur Goëssler en échange de l’aide des agents dans la réalisation de ce sortilège. Un peu abasourdis par ces révélations, les agents téléphonent à Paris et le commissaire principal Laspalès peut discuter avec son vieil ennemi, a qui il offre l’asile en France. Le vieil officier prussien refuse, son Allemagne est en train de disparaître sous la corruption des nazis mais il ne peut se résoudre à collaborer avec ses anciens ennemis...

Le lundi 11 juillet 1932, alors que les banques sont ouvertes, Von Bock se rend dans la succursale bernoise de la banque Coutts, escorté des agents, pour y retire le contenu d’un coffre. Il en revient avec un grimoire sur lequel on voit le titre « Meine Reisen im Raum und Zeit » (mon voyage dans l’espace et le temps). Quittant la ville de Berne, il se dirige ensuite dans la campagne, sur une vieille tour abandonnée dominant un lac, au dessu de laquelle il lance avec l’aide des agents de la BMS un sortilège d’invocation de Yog-Sothoth. Des globes iridescents apparaissent dans le ciel entre les étoiles et disparaissent peu après, au terme d’un marché secret passé par le vieux sorcier que les agents étaient à tout moment prêts à abattre... Von Bock, tout transpirant, remercie les agents et leur indique qu’il a pu éconduire le chien de Tindaloss. Il les quitte au volant d’une voiture qu’il vient d’acheter à Berne, non sans leur avoir donné un document qui se révèlera d’une importance capitale : le dossier militaire personnel du major Goëssler, le déséquilibré désormais à la tête des services secrets occultes de l’Allemagne nazie. Le vieil ennemi de la BMS, aristocrate d’une époque révolue, a ainsi laissé aux agents français un document déterminant pour les durs combats de demain.

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