Quelques jours après la déclaration de guerre, les agents de la BMS sont requis par le GQG de Vincennes pour expertiser des photos prises par un avion de reconnaissance français sur le front de la Sarre, où se prépare une offensive pour soutenir la Pologne...
Les feux du 14 juillet
L’enigmatique carnet du capitaine Pop Plinn
Le taureau de Knossos
Les vents de l’Atlas
La zone interdite
Le montreur d’ombres
La menace de Madagascar
Le complôt de la main rouge
Le vampire de Vénétie
Ci-après, le carnet de notes de Clément Marchal, nouvellement intégré dans les rangs de la BMS.
Paris, le 4 septembre 1939
Ca n’a pas tardé, sitôt intégré, sitôt sur la brèche ! Ce n’est pas pour me déplaire et un peu d’action ne me fera aucun mal, voila plusieurs jours que je tourne en rond à remplir des formulaires administratifs sans fin.
Le grand chef nous réunit vers 18h pour nous envoyer d’urgence au GQG de Vincennes afin d’y examiner des photos aériennes. Je suis le mouvement sous les ordres du Commissaire Valois, tout en faisant connaissance avec mes nouveaux collègues.
Le généralissime Gamelin prévoit de mener une offensive dans la Sarre pour soutenir la Pologne qui se bat contre les boches depuis quelques jours. Mais il y a un problème : il nous expose les photos d’un fort allemand à Falsberg, dans la Sarre, de l’autre côté de la ligne Maginot. On y voit d’étranges formes semblant flotter dans l’air, comme ces gros trucs mous vivant dans la mer qu’on voit dans les livres de sciences naturelles... sauf qu’ils sont cent, mille fois plus grands ! Cela confirme bien les créatures observées lors de l’incendie il y a quelques jours... mon chef ferait dans son froc s’il voyait que je racontais pas des conneries.
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Les observateurs font partie du GRI/33, basé à Saint Dizier, nous apprenons également qu’un corps franc a mené une attaque terrestre sur le fort en question et que l’opération a été un échec cuisant, les rares survivants de l’assaut sont traités à l’hôpital de Thionville.
Nous partons par train de nuit pour Saint Dizier et nous devrons faire un rapport quotidien mais j’imagine que c’est la chef qui s’en chargera !
Saint Dizier, le 5 septembre 1939
Nous arrivons à 4h du matin, la base est dans un état lamentable. Une fois entrés, nous nous entretenons avec le Lt Bastide qui a pris les photos. Les seules informations qu’il peut nous confier sont qu’il a seulement observé des “points” et qu’il a été sujet à un sacré mal de crâne. Le pilote et le mitrailleur n’ont rien vu même si ce dernier a également eu des douleurs de caboche.
Nous décidons de mener un vol de reconnaissance dans l’après-midi, Bonfils pilotera, Meunier occupera le poste de mitrailleur alors que Tricatel, un bleu comme moi, sera au poste d’observation. Je reste au sol avec la commissaire. Le commissaire ? Je ne sais pas comment on écrit... ça n’arrivera pas chez les pompiers d’avoir une femme aussi haut gradée...
Mes collègues sont interceptés par quatre chasseurs Messerschmitt 109 mais réussissent à prendre des photos à 2000 mètres au lieu de 4000 comme c’était prévu initialement. On y voit très nettement ces... créatures mais aussi une sorte de diapason dans la cour du fort qui semble d’ailleurs inoccupé.
La (le ?) commissaire me charge de transmettre le rapport quotidien puis nous sautons dans un nouveau train de nuit, pour Thionville cette fois.
Thionville, le 6 septembre 1939
Dès l’aube, nous rendons visite aux survivants de l’assaut. Du détachement de neuf hommes, menés par un sergent, quatre seulement sont revenus. Ils sont sous sédatifs mais deux ont un comportement étrange. Le premier semble complètement fou, un certain Joseph Darnand et un autre se sent en pleine forme et veut y retourner pour finir le travail : Mittelhauser.
Darnand est un vétéran de 14-18, détenu car militant d’extrême droite. Il nous indique le plan de mission : ils sont passés par Bonzonville puis par un poste de défense qu’ils ont nettoyé, ils ont ensuite remonté un fossé jusqu’au fort qui était vide avant d’ouvrir le feu sur les créatures qui les ont mis en pièces.
Mittelhauser, lui, nous explique qu’il ne s’est “jamais senti aussi complet”, il semble voir des choses invisibles au commun des mortels mais surtout il semble voir des scènes auxquelles il n’a pas pu physiquement accéder ! Le lieutenant Villadier du 100ème régiment d’infanterie (2eme bureau) est passé lui rendre visite la veille, nous décidons d’aller l’interroger.
Nous arrivons vers 11h à Bonzonville pour trouver Villadier mais il est parti la veille avec un autre corps franc, il n’est pas revenu mais nous trouvons des ordres émanant du 2ème bureau qui, si je comprends bien, est un peu notre concurrent... Mon nouveau service est décidément plus qu’étrange...
Nous repassons à l’hôpital pour embarquer Mittelhauser et le ramener à Paris, à l’atterrissage, il semble voir des choses étranges sur Paris mais je n’y prête pas attention. A notre arrivée, nous l’amenons se faire examiner à l’hôpital militaire Larrey. Les médecins sont formels : cet homme a une glande dans le cerveau) surdéveloppée. Je me retiens de faire quelques remarques salasses, la (le ?) commissaire n’a pas l’air d’apprécier ce genre d’humour... La glande en question est la glande pinéale, je sais pas ce que c’est mais ça n’a pas l’air bien normal d’après les toubibs.
S’ensuit une série de recherches au sein de la BMS auxquelles je ne comprends pas grand chose. Apparemment, nous tentons de contacter un certain Dumort, sans succès, nous demandons ensuite à Conti s’il se souvient d’une affaire similaire et il nous parle d’une histoire entre deux polytechniciens, qui se seraient livrés à une expérience de physique assez étrange.
Un X en a tué un autre mais en fait non car l’homme est mort d’apoplexie... je n’y comprends pas grand chose. On m’explique qu’ils auraient inventé une machine, un “résonateur”, capable d’émettre des ondes qui stimulant la glande pinéale des humains se trouvant à proximité. Cette glande serait en fait un 6e sens enfoui de l’humanité : ainsi “réveillé”, elle nous permettrait de voir des choses que l’on ne voit pas, qui se trouveraient dans des plans d’existence parallèles... L’affaire de ces deux polytechniciens, qui a eu lieu au début du siècle, a donné lieu à une enquête de la police militaire ou plus exactement de la branche occulte du 2e bureau. Le “résonateur” a été saisi, ainsi que des croquis de notes. Et sur ces croquis, il y aurait eu de dessinés des monstres flottants comme ceux que nous aurions vus dans la Sarre !
Un des Polytechniciens en question s’appelait Louis Berrac.
Paris, le 7 septembre 1939
Nous passons aux Invalides où nous avons rendez-vous avec un certain Collot, le chef du 2e bureau militaire, notre service concurrent. Si je comprends bien, il a pris du gallon, général à titre temporaire. Je ne me souviens pas vraiment de la teneur de la discussion mais elle a été animée. Ma chef a demandé à Collot l’autorisation de consulter les archives au sujet de cette affaire Berrac.
De retour à la BMS, le grand chef nous suggère d’aller faire un tour à Melun aux entrepôts du 2ème bureau. Je vois mes collègues plus expérimentés parcourus d’un frisson. Ca n’a pas l’air d’être un endroit où on rentre comme ça.
Une fois sur place, nous entrons pourtant comme dans un moulin, on s’étonne après que tout parte à vau-l’eau... Un homme d’une soixante d’années nous donne le numéro de la caisse concernant les polytechniciens. Dans la caisse nous trouvons les débris d’un appareil, dont un diapason, un carnet de note et un rapport du survivant.
Meunier et moi nous attelons à étudier la machine pendant que Valois et Bonfils se rendent au ministère de l’air pour négocier je ne sais quoi.
Paris, le 8 septembre 1939
L’étude des débris et des notes nous donne quelques information : la machine requiert une quantité d’électricité importante, il doit donc y avoir un groupe électrogène sur place. Nous nous rendons également compte que le métal du diapason est mou, il doit donc être facile de le rendre inutilisable. C’est ce diapason qui émet les ondes. Si nous le détruisons, nous renvoyons les creatures flottantes dans leur dimension.
Les jours suivants sont dédiés à l’organisation d’une opération aérienne, nous disposerons un Leo 45, un bombardier, un Morane 406 ainsi que deux Curtiss H-75. Je mènerai un corps de francs tireurs au sol pour effectuer un éventuel nettoyage une fois le diapason détruit.
Sarre, 11 septembre 1939
C’est le jour de l’assaut.
N’ayant pas participé à l’opération aérienne, je ne peux qu’écrire ce que m’ont raconté les collègues. Les Allemands ont envoyé des appareils afin de nous intercepter, notre bombardier s’est révélé inefficace et il a fallu le sacrifice héroïque d’Augustin Ibanez, pilote du Morane 406, affecté au 603ème BIA pour l’occasion.
Ce dernier, pris dans un feu croisé allemand, a mené une manœuvre particulièrement risquée, a détruit le diapason d’un obus de 20mm avant de partir en vrille et de s’écraser à cause de son altitude très faible. Comme on dit chez les pompiers de Paris : “sauver ou périr”
France, 12 septembre 1939
Le diapason étant bel et bien détruit, les créatures ont disparu et tout est nettoyé pour que l’armée française puisse mener son offensive dans la Sarre pour soutenir la Pologne. Malheureusement, les nouvelles de Pologne sont tellement mauvaises que GQG de Vincennes ne juge pas bon de risquer l’offensive.
Nous avons gagné une bataille, mais pas la guerre, qui continue...