Opium noir (3) : Du sang à Marseille

Rapport de mission n° 86
Date de la mission: Mai 1926
Agents :

Poursuivant dans la pègre Marseillaise l’enquête sur le trafic d’Opium noir, la BMS essuie des pertes dans ses rangs et découvre la puissance de l’organisation criminelle qu’elle combat.

Retour à l’hôtel de police. De St Lienard et Durieux vont au journal « le Provençal » mais ne trouvent pas de notes laissées par le journaliste. Pour la nuit l’équipe se trouve un hôtel dans Marseille près de la gare du Prado.

15 mai 1926

Les agents retournent le matin à l’hôtel de police demander les adresses de proches du journaliste assassiné pour les interroger de nouveau. Ils se rendent alors au marché aux poissons trouver Mme Bouzou, qui y tient une échoppe. Méfiante, elle est ensuite convaincue par le sérieux des policiers parisiens et consent à leur parler, mais après le marché. Ils se rendent alors en attendant à l’adresse de Nicole Rascaguères : elle a déménagé. A midi, Mme Bouzou révèle que son neveu Séraphin et Nicole comptaient se marier ; elle avait été présentée par ces derniers à la mère de Nicole dont elle donne l’adresse. Les agents s’y rendent sans tarder, et Mme Rascaguères leur donne la nouvelle adresse de sa fille. En s’y rendant en voiture, alors qu’ils sont immobilisés à un feu rouge, un tueur sort d’une voiture derrière eux et tire sur leur véhicule avec une mitraillette Thompson et blesse sérieusement Mlle Lafleur et plus superficiellement Laspalès, de St Liénard et de la Montmorandière. Laspalès parvient à descendre le tueur. Ils récupèrent sa mitraillette et sa voiture. Séjour à l’hôpital de la Conception pour les blessés. Escagasse leur rend visite (« je vous l’avais bien dit que ça ferait du vilain... ») et leur apprend que le tueur, Jean-François Campana, est un professionnel que seuls les plus riches peuvent s’offrir. De la Montmorandière va voir Nicole Rascaguère à son appartement, elle lui confie une petite valise contenant des notes du journaliste Séraphin Couffignal. Elle contient des éléments très intéressants :

 Un compte-rendu d’entretien avec un inspecteur des Douanes, Monsieur Jules Casanova. Celui-ci lui raconte comment a été sabotée par les gendarmes une perquisition qu’il comptait faire à la société des transports de Provence le 8 juin 1924 suite à la découverte de hachisch aux entrepôts de la gare navale dans une caisse débarquée d’un navire de Karaboudjian et qui contenait officiellement des produits de la SAB, la Société Agricole de la Bekaa. Depuis, toutes les fouilles qu’il entreprend sur la cargaison de ces navires ne donnent rien.
 Photo des corps mutilés des gangsters Biguglia et Ornelli.
 Une carte recensant les points de vente de hachisch dans Marseille, qui sont tous des bars ou restaurants contrôlés par Volponi.
 Des coupures de presse montrant les liens privilégiés entre le Maire de Marseille et Volponi.
 Des photos prises en 1925 montrant quatre hydravions amphibies FBA 17 achetés par la Karaboudjian import-export.
 Un relevé des rotations des navires « Baalbek » et « Smyrna ».
 Une photo du portail d’entrée de la villa Capri.

Les agents décident de passer la nuit dans un hôtel hors de Marseille où ils examinent ces pièces. Durieux, épluchant la comptabilité de la société des transports de Provence, découvre des voyages réguliers de transport d’olives entre la villa Capri et divers endroits de toute la France. Il découvre aussi que les facturations adressées à la Karaboudjian import/export baissent considérablement début 1925.

16 mai 1926

Les agents se rendent à l’aérodrome de Marseille, ne trouvent aucun FBA 17 sur place. Ils téléphonent au commissaire Plavier, un vétéran de la BMS, qui vient de St-Raphaël avec un Sopwith 1 A 2 biplace. Laspalès et Plavier effectuent une reconnaissance aérienne de la villa de Karaboudjian, et y découvrent l’existence d’une piste d’atterrissage.

Laspalès et Plavier s’envolent alors pour Paris. Laspalès fait un rapport à ses chefs et apprend par d’autres agents que le colonel Collot a vu son service chamboulé par une intervention politique. Laspalès pense qu’il serait utile d’échanger des informations avec son vieil ennemi et va le rencontrer. Il apprend de lui que des parlementaires ont fait pression sur l’état-major pour que celui-ci retire un gouverneur militaire « spécial » qu’il avait fait placer au haut-Laos. Car depuis 1904 le deuxième bureau est chargé de lutter contre une tribu rebelle du plateau du Pou-Khar qui utilise le mythe de Cthulhu. Cette tribu faillit être anéantie en 1913 par les « sénégalais » sanguinaires du commandant de la Ribière, mais heureusement pour eux la grande guerre éclata et ces troupes spéciales furent affectées sur le front d’orient d’où elles ne revinrent pas. Depuis 1919, Collot s’emploie à reconstituer des troupes de choc contre cette tribu qui recommence à terrifier les indigènes comme les rares colons. Et cette intervention politique réduit tous ses efforts à néant. Laspalès lui révèle l’existence d’un trafic de drogue partant sans doute de cette région et dont les organisateurs ont sérieusement infiltré le pouvoir politique. Collot offre son aide à Laspalès pour démanteler ce trafic et met les troupes et les contacts qu’il a dans l’empire colonial à sa disposition. Laspalès lui promet que ses hommes mèneront à bien une enquête qui déterminera sur quelles cibles frapper.

Joint au téléphone à son domicile de Monte-Carlo, l’inspecteur principal Achenar Dumort, fin connaisseur du mythe de Cthulhu, est questionné par l’inspecteur-chef de la Montmorandière sur ce qu’il pense de l’inscription lue sur l’étiquette des flacons d’opium noir, « sang des deux démons » ou « sang du double démon ». Dumort répond avoir lu dans l’ouvrage occulte « les sept livres cryptiques de Hsan » une référence à un dieu nommé Zhar et adoré par une tribu indigène nommée Tcho-Tcho dans les montagnes tibétaines, dans un lieu nommé plateau de Leng. Ce dieu aurait pour forme deux immenses masses noires tentaculaires dont on pense qu’elles sont reliées entre elles. Cet avis d’expert ne fit rien pour rassurer les agents...

Restés à Marseille, de la Montmorandière, de St Liénard et Durieux vont au palais de justice où ils fouillent discrètement l’ancien bureau du juge Sauler. Ils trouvent un bureau pratiquement vidé, mais pas totalement : une lettre du Maire de Marseille lui demandant de cesser de tracasser Monsieur Volponi, « un citoyen honorable », et la pelure d’un refus opposé par le ministère des affaires étrangères sur une demande d’extradition formulée par le gouvernement égyptien contre Joseph Karaboudjian recherché pour trafic de drogue.

Puis ils rendent visite à Volponi à son domicile marseillais. Ils découvrent que ce dernier est drogué à l’opium noir et n’attend qu’une chose : sa prochaine dose. Cet état de fait semble désoler un de ses lieutenants, Dante Nardi, un vieux gangster qui a travaillé avec son père. De la Montmorandière lui indique que la seule chose qui l’intéresse est Karaboudjian. Nardi consent à le renseigner, mais pas ici car apparemment les murs ont des oreilles. Il lui donne une invitation à l’opéra pour le soir, pour discuter plus confortablement.

Le soir les agents se mettent sur leur trente et un et se rendent à l’Alcazar. A l’entracte, un homme de main de Nardi vient les voir et les invite à le suivre dans un salon privé où son patron les attend. Le vieux Dante Nardi révèle alors aux agents les méthodes de Karaboudjian qui a fini par complètement dominer son patron. La drogue est désormais stockée dans la villa Capri d’où la société des transports de Provence la diffuse dans toute la France, officiellement il s’agit d’olives. Pendant la conversation, un Vagabond dimensionnel apparaît et tente de saisir Nardi. Des coups de feu partent et l’inspecteur de la Montmorandière abat le monstre avec son canon scié. Les agents et les gangsters quittent alors l’Alcazar et partent se réfugier dans un hôtel près de la mer hors de Marseille pour passer la nuit.

17 mai 1926

Dante Nardi, remis de ses émotions de la veille, propose de rassembler des hommes sûrs avec l’armement adéquat pour « aller faire la peau à ce fils de pute de Karaboudjian ». Les agents acceptent. Deux groupes attaquent la villa :
 Le premier, formé de l’agent de St-Liénard accompagné de 5 hommes à Nardi : « Marius » armé d’une mitraillette Thompson, « René » et « Olive » portant une mitrailleuse St Etienne, ainsi que « Riri » et « la bûche » armés de fusils Lebel. Ils attaquent par derrière en contournant par le maquis dans le but de saboter au préalable des hydravions à l’aérodrome et empêcher toute fuite de Karaboudjian.
 Le deuxième, formé des inspecteurs de la Montmorandière , Durieux, de Dante Nardi et de quatre de ses hommes (« Boudifle » armé d’une mitraillette Thompson, « Bouzigue », « Escartefigue », et « Picon » armés de fusils Lebel), attaque la villa de face par les champs d’oliviers.

Le deuxième groupe entendit des coups de feu venant de l’arrière de la maison, témoignage d’un accrochage du premier groupe. Ils attaquent alors mais se heurtent à trois gardes libanais armés de fusils cachés dans le maquis. Ils blessent Bouzigue que Nardi ramène à la voiture. La riposte des inspecteurs et des gangsters réduit les gardes au silence. En les fouillant, ils découvrent que ceux-ci portent un médaillon représentant une sorte de soleil aux rayons tordus, ou plutôt une créature tentaculaire vue de haut. Ils progressent alors à travers une étendue de maquis séparant la villa des champs d’oliviers, et se font surprendre par un sombre rejeton de Shub-Niggurath (photo)qui tue un des gangsters, « Picon ». L’inspecteur Durieux, épouvanté, perd la raison et fuit vers la voiture. De la Montmorandière ordonne aux gangsters survivants d’ouvrir le feu et l’un d’eux, Boudifle, a raison du monstre avec sa mitraillette thompson. Au moment d’atteindre la villa, de la Montmorandière, Boudifle et Escartefigue font face à plusieurs autres gardes libanais armés de fusils de chasse. Un vif échange de coups de feu a lieu à travers les buissons de maquis et des hommes sont blessés de part et d’autre. Constatant que les libanais sont sur le point de les encercler, de la Montmorandière ordonne le repli et Boudifle descend un garde qui tentait de leur couper la retraite. Les trois hommes fuient vers la voiture quand des décharges de fusil de chasse des libanais font s’effondrer Escartefigue, grièvement blessé. De la Montmorandière, utilisant l’avantage tactique de sa Winchester, tue net un des libanais, ce qui permet à Boudifle de ramener son camarade à la voiture.
Du premier groupe, ils n’entendirent plus jamais parler. Ainsi l’assaut contre la villa Capri, forteresse de Karaboudjian, se solde sur un effectif de treize assaillants par un tué, deux blessés et six disparus dont l’inspecteur de St Liénard. Son sort ne fait aucun doute... Il est ainsi le deuxième agent à être tombé durant cette enquête

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