Les agents de la BMS interviennent en Catalogne pendant la guerre d’Espagne, contre un ennemi surnaturel qui s’avère différent de prévu...
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19 janvier 1939. Quelques clichés de l’agence Alliance Photo (où travaille le journaliste Frank Capa) ont atterri sur le bureau du Commissaire principal Laspalès - alors qu’ils ont été proprement ignorés par les quotidiens français. Sur ces clichés en provenance de Catalogne, une scène - banale - de massacres de civils. Les Nationalistes ont pris pied quelques jours plus tôt en Catalogne et les nouvelles qui parviennent en France ont déjà une odeur de curée. Pourtant, ces clichés ont retenus l’attention du Commissaire principal pour une raison assez fréquente ces dernières années : plusieurs des cadavres portent distinctement deux marques de ponction au niveau du cou... La lutte entre les suceurs de sang et la BMS aura-t-elle un nouveau chapitre dans son atroce chronique ?
A peine revenus d’Alsace, l’inspecteur chef Annie Durand et l’inspecteur André Windemuth sont immédiatement réquisitionnés. Les inspecteurs Foccard et Lanquetot reforment leur duo mortel et à l’humour incisif, alors que le pragmatique inspecteur Juste Beauchamp apportera l’indispensable secours des premiers soins. Un rapide tour des popotes amène quelques informations supplémentaires : le massacre a eu lieu à Bosc de Montanya, un hameau des Pyrénées espagnoles qui comportait 79 âmes en 1910, au nord-est de Manresa, petite localité elle-même située à 60km au nord-est de Barcelone. Le massacre aurait compté 246 victimes, dont probablement une large proportion de réfugiés et a été photographié par un reporter de guerre, John Stanford.
Après un passage sérieux à l’armurerie, l’équipe emprunte un Caudron Goéland de toute beauté pour rejoindre Barcelone. Germain Lanquetot est tout ému d’être pour la première fois le pilote attitré d’une mission (bien qu’il le doive plus à l’absence de compétences de ses collègues qu’à une quelconque performance personnelle). La traversée de la frontière donne le ton : seule la couverture nuageuse permet d’échapper à deux Fiat CR32 italiens ; un Polikarpov républicain les intercepte ensuite ; à l’approche de Barcelone, après être pris pour cible par un navire de guerre espagnol, c’est la DCA de l’aéroport de Prat del Lobregade qui troue la carlingue de l’appareil immatriculé F-BMSA. Au sol, le Capitaine de Bréchignac (groupe de chasse 1/5) accueille les envoyés de la BMS qui confirme l’ambiance d’hallali. Un attaché de l’Ambassade, M. Cazaril, apportera une aide linguistique non négligeable (et une Ford A salutaire) aux agents de la BMS.
Après un rapide passage dans les locaux de l’agence Alliance Photo - où les agents apprennent que le photographe accompagnait le Commandant José Robles et que le massacre a eu lieu dans une grange - les agents se rendent dans l’hôtel où est sensé résider John Stanford. A la porte de la chambre 309, personne ne répond. Soupçonnant que le temps joue contre eux, l’agent le plus viril (Annie Durand, donc) tente de forcer la porte, tandis que Lanquetot préfère faire parler les biftons pour obtenir le passe. Ce dernier tente de respecter le protocole en laissant Foccard entrer le premier. C’est donc l’auguste avocat qui se fait poignarder le premier par un cultiste au regard enfiévré ! Annie Durand, n’écoutant que son courage, abat ce coquin et est vicieusement attaquée à son tour ! Beauchamp a du pain sur la planche pour limiter les hémorragies. Grâce à son syndrome d’immortalité, Lanquetot fonce dans le tas et abat coup sur coup deux cultistes (qui n’arrivent
étrangement pas à le blesser). Les malfaiteurs venaient de finir de dépecer Stanford et ils étaient sur le point de s’enfuir avec les négatifs du massacre. L’un d’entre eux porte un tatouage représentant le Signe Jaune, et ils sont tous armés d’un étrange poignard portant deux lames très effilées. Finalement, la BMS n’a peut-être pas à affronter un vampire... mais des adorateurs de l’Innommable ! Les papiers de ces cultistes indiquent qu’ils sont des ouvriers spécialisés, dispensés de service actif et contribuant à l’effort de guerre en travaillant dans une menuiserie sur les docks, chez un certain Perez Danyach.
Après un repas édifiant où Lanquetot expose sa méthode pour atteindre l’immortalité à des collègues un peu dégoûtés, les agents de la BMS se séparent. Beauchamp et Windemuth inspectent les gourbis où vivaient les trois cultistes : ces mansardes sont couvertes de représentations du Signe Jaune, ainsi que des citations odieusement célèbres : « les astres sont propices ». Foccard fouille les archives locales pour déterrer une vieille histoire. La ville de Vic aurait été au début du XVIIème siècle le théâtre d’un procès en sorcellerie contre la Germonta de Foramida (la Confrérie de l’Innommable). Ce procès aurait mis un terme, par le feu et par le garrot, à une puissante secte locale. Mais c’est dans le port que Lanquetot et Durand, en visitant l’atelier dévoilent le pot-aux-roses : Danyach est lié lui aussi au culte de l’Innommable ! Durand a un sentiment voilé de terreur en sa présence et Lanquetot ne sait que trop bien faire confiance aux instincts de survie de ses collègues. En mettant en commun leurs découvertes, les agents décident finalement de tenter une opération coup-de-poing contre Danyach le soir même.
Malgré leurs expériences et un matériel de concours, les agents passent très près d’une annihilation totale. Perez Danyach tient plus de la chose que de l’humain. Son corps se métamorphose en une... chose. Entre les membres extensibles, les pinces acérées, une capacité à faire ingurgiter quelque chose à ses adversaires et une invulnérabilité aux armes à feu, la question de sa nature exacte reste entière. Les agents le finiront à coups de Ford A et en y mettant le feu, grâce à la présence d’esprit des inspecteurs Beauchamp et Foccard respectivement. Les agents ont néanmoins été lourdement secoués, tant physiquement que psychologiquement par cette rencontre. L’épluchage de la comptabilité confirme les soupçons : de lourdes sommes ont été envoyées à San Salvador de Toroella, localité proche de Bosc à un certain Hernando Valls.
L’avancée des troupes nationalistes et l’intensité de bombardements force l’allure de la BMS. Un coup d’aile les amène à Vic, où les agents apprennent que les archives recherchées sont depuis 1937 en possession d’un collectionneur français, Valéry Reyes, à Perpignan. Le bond de puce suivant amène les agents à Perpignan, où ils évacuent pour respecter leur parole, M. Cazaril, pour services rendus (son épouse rejoindra Perpignan quelques jours plus tard par la Royale). L’entrevue avec l’historien Reyes permet d’accéder aux archives : sacrifices humains, secte, Signe Jaune, tout y est. Un rapport d’un officier royal indique qu’il aurait tué un démon en un lieu où les sectateurs sacrifiaient des humains pour consacrer neuf monolithes de basalte, plantés en V sur une petite colline. Cette consécration devait ensuite permettre une cérémonie plus importante un jour de
pleine lune. La prochaine pleine lune est pour le 27 janvier. Au matin du 23 janvier, Lanquetot, Durand et Beauchamp font une reconnaissance aux manettes d’un Potez-637 dont la vitesse de pointe dégoûte des biplans CR32 d’une autre époque... Les agents repèrent les lieux, les monolithes de basalte dressé sont encore là, patientant dans l’émeraude des forêts silencieuses.
Entre une opération au sol et un bombardement tactique, les agents ont préféré faire parler la technologie. Au matin du 24 janvier, 4 tonnes d’explosifs décollent dans la soute d’un Farman, escorté par trois Morane 405 expérimentaux. A l’aller, quatre CR32 les interceptent
et deux sont immédiatement séchés. Les deux autres rompent le combat sans avoir inquiété le Farman. Sur site, une tempête d’acier et de flammes réduit à néant des siècles de préparation et de sacrifices. Les monolithes ne sont plus que poussière. Le vol retour est intercepté par deux Messerschmitt 109-E. Dans un duel qui rappelle les joutes d’un autre âge, Foccard détruit le moteur de son adversaire, ce dernier fend en deux le Morane en une seule décharge de ses deux canons de 20mm ! Foccard saute en parachute au-dessus des Pyrénées enneigées... Zigzaguant entre ses adversaires, le deuxième appareil allemand arrive à s’approcher du lourd bombardier. Mais le mitrailleur arrière veille et abat le pilote d’une salve bien ajustée. Quelques minutes plus tard, les agents survivants survolent la frontière. Foccard, pour sa part, se mêlera au flot des réfugiés et parviendra à prouver son identité aux gendarmes qui voulaient l’interner dans un camp...