Une adresse à Berlin

Rapport de mission n° 69
Date de la mission: Septembre 1920
Agents :

Une opération commune BMS-2e bureau est montée dans la ville de Berlin, en proie à des troubles révolutionnaires. Il a été appris que les bureaux abritant les services secrets du colonel Von Bock ont été pillés par des militants spartakistes (communistes), qui en ont été délogés manu militari par un groupes de corps francs d’extrême droite ! De nombreux documents de grande valeur ont ainsi été éparpillés dans la capitale allemande. Les agents de la BMS parviennent à récupérer certains d’entre eux, ce qui leur permet de découvrir que le colonel Von Bock, sentant la menace révolutionnaire sur la capitale, a fait évacuer toutes ses archives et son entrepôt secret (se trouvant en Prusse trop près de la nouvelle frontière polonaise) pour les transférer vers le château de Beerberg, en Thuringe, où ils seront plus à l’abri dans de vastes caves creusées sous les jardins du château, gardés par quelques fidèles armés et payés par le trésor de guerre du service. La BMS et le 2e bureau réussissent à tout faire exploser par un spectaculaire raid aérien parti de Pologne et atterrissant à Strasbourg, neutralisant toutes les capacités opérationnelles du colonel Von Bock. Toutefois, le rapport des agents recommande de se méfier d’un certain major Goëssler, un lieutenant de Von Bock affronté à Berlin, et qui pourrait bien prendre l’ascendant sur ce dernier. Il n’a absolument aucun scrupule à utiliser les forces du mythe de Cthulhu pour parvenir à ses fins, quel qu’en soit le prix...

Nouvelles d’Allemagne

La nouvelle république allemande de Weimar est dans une période d’incertitude, étant menacée par des insurgés communistes (les Spartakistes) et par des groupes armés d’extrême droite, les Freikorps. Ces derniers se constituent aux quatre coins du pays à partir de vétérans de l’armée impériale, dans le but de combattre les spartakistes ainsi les forces armées des nouvelles nations crées par le traité de Versailles et qui lorgnent vers les frontières allemandes (la Pologne en particulier). Ces Freikorps sont aussi une menace contre le gouvernement socialiste qui dirige l’Allemagne.

C’est dans ce contexte que parvient à Paris un rapport de plusieurs officiers de la branche du 2e bureau de l’armée spécialisée dans le surnaturel. Ils rapportent avoir aidé des soldats Polonais se battant dans une région frontalière de Silésie à abattre une créature non identifiée du mythe de Cthulhu, ce qui causa de lourdes pertes. Cette créature ne se trouvait pas là par hasard, mais invoquée par des militaires allemands ! Plus intéressant, le 2e bureau fut aiguillé dans sa traque contre cette créature par des révélations faites par un militaire allemand de haut rang, qui trahissait visiblement certains de ses collègues, désapprouvant leurs méthodes. D’autre part, les militaires français en poste à Berlin dans la commission d’armistice ont semble t’il repéré le quartier général du service secret du colonel Von Bock au 18 Schiller Strasse... Le bâtiment a été pris d’assaut par des insurgés spartakistes qui l’ont pillé, avant d’en être expulsés à leur tour par un Freikorps qui l’occupe actuellement. Von Bock serait en fuite quelque part autour de Berlin, avec toutes ses archives éparpillées dans la nature : une occasion rêvée pour le services secrets français de lui porter l’estocade finale.

Une réunion au sommet est organisée au ministère de la guerre entre les responsables de la BMS et du 2e bureau de l’armée pour monter une opération commune. Les inspecteurs principaux Laspalès (n°1), Anthyphon (n°2), Plavier (n°79), les inspecteurs De la Martinière (n°77), Marcet (n°114), Léger (n°115), ainsi qu’un consultant-interprête, M. Jean Baptiste Javaloyes, partent pour Berlin après avoir fait un crochet par Varsovie où ils ont rencontré le capitaine de Veaumasse, chef du 2e bureau local, qui leur a raconté les détails de la traque de la créature.

Berlin

A Berlin, les agents organisent une surveillance discrète du bâtiment de la 18 Schiller Strasse, qui est occupé par des soldats du Freikorps Ehrardt, ceux-là même qui ont réprimé dans le sang l’insurrection spartakiste de Berlin quelques mois plus tôt. Ces hommes portent une croix gammée peinte sur leur casque. Ils découvrent ainsi que :

  Avant l’insurrection spartakiste, des coups de feu nocturnes ont amené la police de Berlin à intervenir autour du bâtiment. Il a été trouvé dans une rue adjacente un étrange squelette écrasé au sol d’une créature vaguement humanoïde, sans mâchoire sur le crâne qui portait des cornes. La créature avait des ailes membraneuses... Sans doute un canular ! Le squelette a disparu lorsque des soudards du Freikorps Erhardt ont investi les locaux de la police berlinoise, après l’insurrection spartakiste.
  Un gradé du FK Erhardt, filé par les agents, fréquente des cercles d’occultistes de la capitale.

Les agents décident de mener leur enquête dans ces milieux et découvrent dans une réunion de Rose-Croix que ce petit monde est en effervescence car un ouvrage occulte d’une grande valeur, le « Pnakotica », serait mis en vente par un certain « Herr Schmidt ». Plusieurs personnes cherchent à entrer en contact avec lui pour conclure la transaction, un anglais nommé Bradford ainsi qu’un allemand nommé Rosenberg. La BMS enquête alors sur ce dernier et découvre qu’il est à la tête d’une société occulte nommée la Thulé Gesellschaft, qui s’inspire de la mythologie nordique pour diffuser des idées racistes sur la supériorité de la race allemande. Son symbole est un poignard sur une croix gammée... <img97|left> Quelques agents de la BMS assistent alors incognito à une réunion de ce groupuscule, pour y découvrir que s’y trouvent de nombreux soldats du FK Ehrardt, et qu’au terme d’une cérémonie y fut invoquée une manifestation ectoplasmique d’un héros mythologique nordique, ce qui fit un certain effet sur l’assistance ! Ces gens ne plaisantent pas, et la BMS a retenu le nom de plusieurs membres dirigeants : Olaf Bitterich, Dietrich Eckart, et plus particulièrement un certain major Göessler qui occupe également l’immeuble de Schiller Strasse.

Le Pnakotica

Les agents utilisent tous les moyens mis à leur disposition (police Berlinoise, services secrets alliés) pour découvrir où se cache ce « Herr Schmidt ». C’est en réalité un militant communiste, qui, en prenant d’assaut le 18 Schiller Strasse, y a découvert un vieux livre qui semble avoir beaucoup de valeur, et qu’il a cherché a mettre en vente. Mais il est poursuivi par le FK Ehrardt... La BMS entre en contact avec lui par l’intermédiaire d’un militant spartakiste, et propose d’acheter le livre à prix d’or ainsi que tous les documents qu’ils auraient pu ramener de ce bâtiment. Un rendez-vous est fixé dans une brasserie le lendemain dont toutes les issues sont surveillées les agents. Mais la transaction tourne rapidement au cauchemar, puisque un camion de soldats du FK Ehrardt s’arrête près de la brasserie et la prend d’assaut, n’hésitant pas à tirer parmi les clients ! Schmidt est tué d’une balle de fusil, mais le commissaire Anthyphon parvient à fuir avec le livre et les documents. Au passage, le consultant de la BMS, Jean-Baptiste Javaloyes, s’est enfui dans la confusion avec la valise d’argent...

Les agents de la BMS, ne se sentant pas en sécurité dans la ville où le FK Ehrardt semble agir en toute impunité, se réfugient dans le bâtiment de la commission d’armistice alliée qui est gardée par des soldats de plusieurs nations. La nuit même, une créature invisible attaque les chambres des agents qui finissent par l’abattre (un vampire stellaire). L’inspecteur principal Laspalès parvient à sauver le Pnakotica de justesse en abattant la créature ailée qui s’apprêtait à l’emporter !

L’analyse des documents permet le lendemain aux agents de la BMS de découvrir le fin mot de l’histoire. Après l’armistice, Von Bock se retrouve sans moyens : le grand état-major qu’il servait n’existe plus, et Berlin est à la merci de la fièvre révolutionnaire d’extrême gauche comme d’extrême droite. Il sentait de plus une menace venir de certains de ses lieutenants, menés par le major Goëssler, qui n’ont aucun scrupule à utiliser le mythe de Cthulhu à grande échelle pour parvenir à leurs fins. Von Bock a alors rassemblé tous les moyens dont il dispose pour évacuer toutes ses archives et son entrepôt dans lequel sont stockées ses découvertes secrètes (et qui se trouvaient en Prusse orientale trop proche de la frontière polonaise) pour les transférer vers le château de Beerberg, en Thuringe, où ils seront plus à l’abri dans de vastes caves creusées sous les jardins du château, gardés par quelques fidèles armés et payés par le trésor de guerre du service.

Le bombardement du château de Beerberg

Forts de ces informations, les six agents retournent en Pologne à Varsovie pour monter une opération militaire contre le château de Beerberg. Car d’après les documents collectés, les souterrains vont servir à stocker en plus des archives et des découvertes étranges, le stock d’armes et d’explosifs utilisés par ses hommes pour leurs coups de main ! Une bombe bien placée pourrait tout détruire, ce qui est fort faisable par un bombardement aérien.

De Veaumasse, le chef local du 2e bureau, utilise alors l’influence dont il dispose pour puiser dans les stocks d’avions de l’armée française, qui sont livrés à l’armée polonaise en création. Il réquisitionne un bombardier Farman F 50 bimoteur dans lequel il prend place pour le raid, que l’on a chargé des bombes les plus lourdes. L’accompagnent deux Breguet 14 (l’un piloté par l’inspectrice Jeanne Luzet, l’autre par un équipage polonais), escortés par un SPAD XIII que pilote l’inspecteur principal Laspalès et un Fokker D VII que pilote l’inspecteur principal Plavier. Le groupe décolle de Pologne le 4 octobre 1920 pour le château de Beerberg, puis devra traverser l’Allemagne pour se poser à Strasbourg. Un vol sans autre danger que l’éventuelle DCA placée autour du château, l’Allemagne n’ayant plus de forces aériennes. Mais alors que l’objectif est en vue, le groupe aérien a la surprise de voir deux avions sortir d’une grange dans un champ voisin et prendre de l’altitude à vive allure pour engager le combat ! Il s’agit d’intercepteurs Siemen-Schuckert D IV du dernier modèle, sortis des usines dans le dernier mois de la guerre. L’un d’eux, trompant par sa vitesse la vigilance des chasseurs, tire sur un Breguet 14 et blesse grièvement son pilote, Mlle Luzet, qui largue ses bombes dans la nature et met le cap sur la France, aidée par son mitrailleur à tenir les commandes. L’autre chasseur lâche une longue rafale sur le bombardier Farman et tue net le copilote, le capitaine de Veaumasse ! Mais le mitrailleur avant riposte et tue le pilote ennemi, le chasseur piquant vers le sol où il explose. L’autre chasseur serpente avec habileté entre le SPAD et le Fokker D VII d’escorte et se dirige à son tour sur le Farman pour une passe frontale, mais le même mitrailleur avant prouve qu’il n’est pas un manchot et l’abat d’un tir bien placé. Débarrassés de toute menace aérienne, les deux bombardiers français restants larguent leurs bombes à basse altitude « comme à l’exercice », après un mitraillage des chasseurs qui ont neutralisé les pièces légères de DCA. Les bombes lourdes du Farman s’enfoncent profondément dans le sol et pénètrent dans les souterrains, créant un gigantesque feu d’artifice annonciateur du succès total de la mission ! La petite armada aérienne regagne ensuite sans encombre l’aérodrome de Strasbourg. On pense désormais en haut-lieu avoir enfin neutralisé de manière durable les services secrets prussiens du colonel Von Bock...

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