Les agents de la BMS poursuivent leur enquête et découvrent grâce à une guerre des services dans la SS un indice important dans la ville de Prague.
Les feux du 14 juillet
L’enigmatique carnet du capitaine Pop Plinn
Le taureau de Knossos
Les vents de l’Atlas
La zone interdite
Le montreur d’ombres
La menace de Madagascar
Le complôt de la main rouge
Le vampire de Vénétie
=== Rapport d’enquête de l’inspecteur chef Juste Beauchamp, agent n°94 de la BMS, mandaté
par le Commissaire Principal Laspalès sous les ordres du Commissaire Valois ===
== 29 mai 1939 ==
Nous arrivons à Paris après être passés par Salonique, Athènes puis Marseille. Alfonsi, fortement choqué suite à notre escapade forestière, est envoyé au repos. Il est remplacé par Durand.
Les objets subtilisés aux allemands sont versés aux archives.
== 30 mai 1939 ==
Prise de renseignement sur la collection Totth auprès de :
● Reyes, collectionneur d’art de Perpignan : jamais entendu parlé
● salle des ventes de Drouot : ne savent pas mais nous indiquent le musée national hongrois comme piste potentielle. Nous recrutons un interprète à l’Institut de langues orientales : Charles Sepezy-Soköll.
== 31 mai 1939 ==
Le départ est retardé d’un jour afin de vérifier si de nouveaux messages arrivent via la valise diplomatique polonaise. Il y en a 2 :
● 27/05, émis des Balkans (Albanie/Kosovo), Aktion Schofar, Storch non rentré
● 28/08, émis de Wewelsburg, Yougoslavie base K, cigogne écrasée Albanie avec objet, diplomatie en action, attendez ordres
La base K est inconnue, nous demandons au 2ème Bureau d’enquêter. La "Cigogne" fait référence au Fieseler "Storch" qui a été descendu (Storch voulant dire Cigogne en allemand).
== 1er juin 1939 ==
Nous arrivons à Budapest nous faisant passer pour une équipe d’attachés culturels. L’attaché d’ambassade, Charles-Edouard le Kerec nous reçoit et comprend vite que nous ne sommes pas réellement là pour nous mettre à son service.
Il organise donc rapidement notre séjour, y compris notre hébergement dans les locaux de l’ambassade. Il ne connaît pas la collection Totth.
== 2 juin 1939 ==
Le Kerec organise notre visite du musée national, nous sommes reçus par Andor Warga, le conservateur. Ce dernier nous indique que la collection Totth n’est plus au musée, elle a été réquisitionnée par les autorités :
● 8 mars 1939 : l’amiral Horty, chef du gouvernement hongrois demande l’échange de la collection avec des gravures médiévales.
● 16 mars 1939 : Ludwig Bötnitz, officier SS, arrive au musée et entreprend un inventaire complet de la collection. Il passe divers appels téléphoniques.
● 18 mars 1939 : le jour du départ de Bötnitz, un commandant SS nommé Götlib Winkler le rejoint et une dispute éclate entre les deux hommes. Ce dernier, appartenant au bureau de Prague, rappelle qu’il est
supérieur hiérarchiquement et embarque les caisses.
Le conservateur nous donne cependant quelques informations sur Totth. Viktor de son prénom (1871-1934) était un officier hongrois ayant ramené des objets de ses différentes opérations au quatre coins de l’empire des Habsburg. A sa mort, sa famille lègue tout au musée.
Une liste complète de la collection a été faite, elle est en allemand. Sepezy Soköll se met donc au travail dans un bureau aimablement mis à notre disposition. Trois objets attirent notre attention :
● une sculpture métallique en forme de tête de buffle, origine Scutari (Albanie) en 1917.
● Annie Durand repère également un ouvrage particulièrement important, un De Vermiis Misteris ainsi que divers ouvrages occultes.
● le journal de guerre de Totth
== 3 juin 1939 ==
Après une longue discussion sur les suites à mener, nous décidons d’éviter Prague, trop dangereuse et nous concentrons sur la recherche de la base K en Yougoslavie à l’aide du détecteur atlante.
Nous arrivons à Belgrade dans la soirée et sommes accueillis par l’ambassade qui entreprend
des démarches auprès de l’armée locale afin de nous fournir un avion.
== 4 juin 1939 ==
Journée de repos, nous attendons que les requêtes administratives aboutissent. Nous en profitons pour goûter aux spécialités locales.
== 5 juin 1939 ==
Nous partons en avion sauf Jousse (en train) car il n’y a pas de place pour tout le monde. Je prends les commandes. Malheureusement, même si je sais voler, mes compétences
d’orientation laissent fortement à désirer, n’ayant opéré que des vols particulièrement courts pendant mes classes. Nous finissons donc par nous perdre et par survoler un territoire italien sur lequel nous sommes interceptés par la chasse italienne.
== 6 au 14 juin 1939 ==
Nous sommes internés pendant 10 jours le temps que la diplomatie fasse son travail pour nous sortir de là. Le 8 juin, ne nous voyant pas arriver au point de rendez-vous, Jousse rentre en France.
== 15 juin 1939 ==
Le reste du groupe rentre finalement en France, nous avons perdu un temps précieux. Après discussion, le commissaire principal Laspalès nous envoie séance tenante à Prague, il
faut éclaircir cette affaire. Nous sommes informés que se trouve sur place un officier du 2ème Bureau en place pour faire évader les pilotes de l’armée de l’air tchèques. Il s’agit du Capitaine Etienne Beral qui pourra nous offrir une porte de sortie si jamais l’opération tournait mal.
Les places étant limitées et n’étant pas d’un grand secours dans un pays dont j’ignore tout de la langue, je laisse ma place à l’interprète avec qui nous avons travaillé en Hongrie. Ici s’arrête donc mon rapport.
=== Récit rapporté par Charles Sepezy-Soköll, interprète de l’Institut de langues orientales ===
Quelques semaines plus tôt, j’avais reçu un appel téléphonique d’une femme me contactant via l’Institut de langues orientales. Se présentant comme étant le commissaire Valois, elle et son équipe avaient besoin d’un interprète parlant plusieurs langues orientales.
Souhaitant servir mon pays, c’est sans l’ombre de doute que je me joignis à eux. Après un premier voyage à Budapest, ils firent de nouveau appel à moi pour nous rendre à Prague. Je compris assez rapidement que des intérêts me dépassant étaient en œuvre.
Nous atterrîmes dans la capitale tchèque le 18 juin et, dès notre arrivée, le commissaire Valois prit contact avec une personne dont il ne me dirent rien.
Le lendemain, 19 juin, le commissaire reçu un bouquet de fleurs comportant un message, probablement des services secrets. Il indiquait “SS Ahnenerbe 41 Mishalska Prague”, selon toute vraisemblance une adresse. Il s’agit d’un grand immeuble au centre de Prague comportant une cour intérieure, dont l’accès est gardé par un SS dans une guérite. Une plaque indiquait que se trouvent là les bureaux de la SS-Ahnenerbe (je n’avais jamais entendu parler de cette partie de l’armée allemande).
Les agents de police que j’accompagne cherchent un officier nommé Winkler et décident de faire le guet devant ce bâtiment. Ce dernier sortit assez rapidement, escorté par des soldats qui n’en mènent pas large. Les habitants tchèques de l’immeuble ne semblent pas beaucoup plus tranquilles et une vieille dame semble même particulièrement horrifiée au passage de l’allemand.
Nous l’accostons quand elle va faire ses courses au marché et l’invitons dans un bar tout proche pour entamer une discussion avec elle. Elle est terrorisée et me raconte qu’elle a vu Winkler recevoir un petit SS nerveux il y a quelques temps alors qu’elle balayait dans la cour. Le ton est monté rapidement alors que les deux hommes parlaient
d’un lieu nommé "Wewelsburg", Winkler a alors articulé des mots incompréhensible et son interlocuteur s’est desséché jusqu’à n’être réduit qu’à un petit tas d’os et de poussière.
Je mets le témoignage de la vieille femme sur le compte de la sénilité mais en fait part au commissaire. Elle semble pour sa part prendre l’information avec beaucoup de sérieux... Suis-je le seul à trouver tout cela bizarre ?
Pendant ce temps, le reste de l’équipe, dont Jousse, suivent Winkler qui se rend à la grande bibliothèque de la ville. Il y a apparemment ses habitudes et y passe toute la journée à étudier des registres administratifs indiquant naissances, décès et lieux de sépulture. La planque continue devant la caserne et, quand Winkler sort dîner seul, c’est au tour de Durand et Focard de le filer. Ils s’installent à ses côtés et se font passer pour des touristes.
L’officier semble courtois et éduqué bien que particulièrement taciturne. Il manipule
régulièrement un étui à cigarettes sur lequel sont gravés les mots suivants : naza pomen na me. Il porte, en plus de ses distinctions nazies, des décorations datant de l’empire austro-hongrois.
De retour à l’hôtel, je traduis l’inscription au groupe, cela veut simplement dire “ne m’oublie pas”.
Le 20 juin, nous nous rendons à notre tour à la bibliothèque pour trouver des renseignements sur une femme avec qui Winkler aurait pu être marié. Nous trouvons 6 personnes pouvant correspondre. Quatre d’entre elles sont mortes à plus de 60 ans, les éliminant de nos recherches.
Des deux dernières, une est enterrée dans un cimetière moderne, sa tombe semble laissée à l’abandon. L’autre par contre est enterrée au vieux cimetière Olsani où elle repose dans un mausolée indiquant 1895-1917 Natali Winkler née Novotny. Une grande quantité de mégots ornent le sol autour de la sépulture.
J’ai alors été laissé de côté de toute la discussion qui s’ensuivit. Je compris juste que l’allemand cherchait à ramener sa femme d’entre les morts et qu’il était particulièrement intéressé par un ouvrage antique de la collection Totth. Malgré l’absolu non sens que représente cette hypothèse, mes camarades de voyage semblaient sûrs de leur coup... Ils me laissèrent à l’hôtel pendant qu’ils tendaient une embuscade à Winkler au cimetière afin de lui proposer un marché.
Apparemment, les services de police français possédaient également un exemplaire de ce vieux livre. Un De Vermiis... Mysteris ? L’idée était donc d’échanger cet exemplaire contre des informations que possédaient l’allemand.
Les agents français firent un aller-retour rapide à Paris pour récupérer le livre et le micro-filmer avant de s’en défaire. Le 25 juin, un échantillon fut fournie à l’allemand pour preuve de la bonne foi des services français. Le 27 juin, l’échange fut réalisé sur un pont en fin d’après-midi. Dans la foulée nous reprîmes tous l’avion pour rentrer en France.
Apparemment, Winkler aurait fourni en échange un vieux carnet que je compris être le journal de guerre de Totth que nous cherchions à Budapest. J’en profitai logiquement pour reprendre mes activités normales, particulièrement intrigué par toute cette affaire mais il vaut
probablement mieux que je n’en sache pas plus que nécessaire.
=== Notes de l’inspecteur chef Juste Beauchamp ===
Le carnet récupéré est bel et bien le carnet de guerre de Totth. Il indique avec une précision importante l’opération menée par l’armée autrichienne durant la première guerre mondiale contre le clan albanais des Braka vivant dans les montagnes. C’est suite à cette expédition que Totth a trouvé une tête de buffle.
Nous comprenons qu’une colonne de l’armée autrichienne a eu de grosses difficultés à se frayer un chemin dans les montagne mais a fini par trouver le village du clan. Des coups de feu ont été tirés et les autrichiens ont été victorieux... Ils y trouvent la tête de buffle que Totth s’est appropriées. Mais une partie des albanais a fui dans une vallée (que nous localisons sur une carte) où Totth les a poursuivi. C’est là que tout a dérapé : Totth semble être devenu fou. Dans son journal, il marque d’une écriture de dément le nom "Adonis", mortel amant d’Aphrodite dans la mythologie grecque. Il écrit aussi plusieurs fois en grec anciens “le vent de la montagne m’a rendu fou”.
Plus le journal reprend son écriture normale et raconte le retour de la colonne autrichienne à Scutari. Peu des hommes de Totth parti dans la haute vallée albanaise sont rentrés en vie, encore moins sains d’esprit, espérons qu’il en sera autrement pour nous si nous sommes suffisamment préparés.