Beau geste

Rapport de mission n° 82
Date de la mission: Août 1925
Agents :

Les agents de la BMS sont réquisitionnés par l’armée, en fait rappelé sous les drapeaux pour servir dans l’armée française sous les ordres du maréchal Pétain pendant la guerre du Rif. En effet, une colonne entière de soldats semble avoir été anéantie par une "tornade" surnaturelle. Les agents identifient des Polypes volants qu’ils parviennent à neutraliser en mobilisant des moyens militaires importants. Mais ils découvrent aussi que ces créatures ont été invoquées par un collaborateur indigène du 2eme bureau de l’armée française ! Il a agi ainsi rendu fou de douleur par le massacre de sa famille par un bombardement aérien du village, avec des obus au gaz dont les agents de la BMS découvrirent qu’ils avaient été largués par l’aviation française sur ordre de Pétain. Ils ne donnèrent cependant pas de publicité à cet acte barbare dans leur rapport d’enquête.

LETTRE PRÉSENTÉE PAR LE PRÉSIDENT DU CONSEIL, M. PAINLEVÉ, AU COMMISSAIRE CONTI LORS D’UNE RÉUNION AU SOIR DU 25 AOUT 1925

RESIDENCE GENERALE
DE LA RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU MAROC

ÉTAT MAJOR
Du
Maréchal Commandant en chef

2°bureau

N°652 M.G.

Rabat, le 25 août 1925

Le chef d’escadron (R) BONNIER
Chef du 2eme Bureau Afrique
Antenne MAROC

A

Monsieur le lieutenant-colonel
COLLOT - Etat major 2eme bureau
Service P.I.
PARIS

OBJET : Demande urgente d’intervention au Maroc

J’ai l’honneur de vous rendre compte des faits inexpliqués suivants survenus dans le protectorat du Maroc dans une vallée du haut Ouergha.

Dans l’après-midi du 21 août 1925 une colonne de 60 légionnaires comprenant une auto-mitrailleuse WHITE-LAFFLY a été anéantie selon les témoignages par des entités surnaturelles dissimulées par une tornade de poussière. Trois légionnaires survécurent au massacre.

La colonne partait secourir et renforcer la garnison du fort Hissami encerclée depuis seize jours part les forces d’Abd-el-Krim. Le fort est tombé le lendemain 22 août d’après un rapport dressé par l’équipage d’un avion de la 1ere escadrille du 37eme Régiment aérien. Ce dernier a constaté l’effondrement de certains murs du fort et l’absence de toute présence humaine à l’intérieur comme aux alentours. Les troupes rifaines qui l’encerclaient ont également disparu.

Un autre avion de reconnaissance de cette même escadrille a été porté disparu lors d’une reconnaissance sur zone le 23 août. Les rapports d’autres avions signalent l’absence de toute activité tant française qu’ennemie dans cette haute vallée.

Le témoignage des trois légionnaires survivants est particulièrement saisissant. Les rumeurs les plus folles circulent parmi les troupes françaises qui récupèrent à peine de trois mois de rudes combats contre les rebelles rifains. Les soldats d’origine indigène sont particulièrement sensibles à ce genre de rumeurs.

Je préconise l’envoi d’URGENCE d’une équipe d’intervention pour traiter cette menace qui risque de compromettre l’offensive française préparée par le Maréchal PETAIN. Considérant certaines similitudes avec les évènements de 1904 du haut-Atlas, je recommande l’envoi de la caisse 1904-224 ainsi que la mobilisation des spécialistes ayant participé à cette affaire.

Signé : BONNIER

DOCUMENT COMMUNIQUÉ PAR LE 2EME BUREAU A LA BMS

Troupes d’occupation du Maroc
Front Ouest
2eme Bureau
N°223/G.C.
CONFIDENTIEL

RAPPORT SUR LES TÉMOIGNAGES DES SOLDATS SURVIVANTS DE LA COLONNE DELISLE, TELS QUE RECUEILLIS PAR LE MÉDECIN MAJOR COMMANDANT L’HÔPITAL MILITAIRE DE FEZ

(propos exacts)

Témoignage du légionnaire Castiglioni : « Horrible ! L’enfer ! Des démons ! L’apocalypse ! Un bruit assourdissant, un sifflement à vous faire exploser la caboche... Un nuage de poussière s’est abattu sur la colonne, avec la crasse on n’y voyait plus. Le sifflement s’est rapproché et des gars se sont mis à courir. On en a vu un se soulever dans l’air et se faire démembrer sous nos yeux ! On a tout de suite vu la bête... C’était un truc qu’on peut pas dire... Un gros tas de viande noircie avec des os qui dépassent... C’est presque transparent par moments ! Des bouches horribles partout... Et des yeux ! Je vous jure que c’est ça ! C’est grand comme une maison ! Ca nous a fondu dessus. Les gars hurlaient mais on n’entendait que les copains immédiatement à côté tant le sifflement nous perce les feuilles... et les tourbillons de sable et cailloux soulevés par le vent... J’ai encore des grains de sables enfoncés dans la peau je vous dis. J’ai couru avec Dimitri vers la vallée... Il arrivait plus à avancer à cause du vent. Je l’ai vu disparaitre dans la poussière ! J’ai quitté le nuage et j’ai pu courir vers l’oued où j’ai retrouvé les troupes françaises. J’ai plus rien, plus rien, vidé, plus rien dans les guiboles qui n’arrêtent pas de trembler et mes bras ne peuvent plus rien porter. Ces choses sorties... C’est la fin du monde... »

Témoignage du légionnaire Van der Walk : « Le vent est venu brusquement. C’était pas le vent mais leurs hurlements. La poussière nous a écrasé. Et les tourbillons. Puis plus d bruit. Leurs yeux. Ils m’ont vu et m’ont fixé. J’ai pu leur échapper, mais leurs yeux me suivent. Ils apparaissent partout. Ils me regardent. Pour nous dire qu’ils reviendront. On pourra pas leur échapper. Il faut partir, loin, loin, loin... » (prostration)

Note : le légionnaire Van der Walk donne des coups d’oreiller contre les murs comme s’il cherchait à y écraser des insectes imaginaires.

Témoignage du caporal Bataille : « On marchait autour de l’automitrailleuse dans laquelle avait pris place le lieutenant. Temps calme, on observait bien les talwegs, et de toute façon l’aviation avait reconnu le terrain. C’est alors qu’il y a eu un nuage de poussière à laquelle j’ai tout de suite prêté attention à cause du sifflement qu’elle a émis. En six ans de baroud au Maroc, sans vous parler de Salonique, j’ai déjà vu des tornades et la poussière qu’elles soulèvent mais jamais des comme ça. Le nuage a dévalé la pente et nous est tombé dessus. Notre vision s’est très vite obscurcie à cause de la poussière. Puis les rifains sont apparus comme par magie dans la poussière. Un premier gars est tombé. Puis d’autres. J’ai bondi sur le Chauchat de Berthier qui restait prostré, et j’ai tiré. Quelques balles sont parties avant l’enrayement. Le moteur de l’automitrailleuse a calé, je me suis précipité contre la porte pour leur dire de se servir du canon de 37 mais impossible d’ouvrir, ils criaient comme des diables à l’intérieur. C’est alors que l’automitrailleuse a reçu un choc et commencé à basculer, j’ai pu éviter de justesse de me faire écraser quand elle est tombée sur le flanc. J’ai pris un violent coup de baïonnette ou de sabre. Je n’ai plus rien vu à ce moment car la poussière devenait plus dense. J’ai trouvé par terre en tâtonnant un révolver Lebel 92, je l’ai ramassé et me suis relevé pour me battre, en dégainant ma baïonnette. J’ai vu une des formes à travers la poussière et j’ai tiré dessus les six balles. Tout ceux qui étaient encore en vie couraient, je me suis alors replié et je suis sorti du nuage de poussière. J’ai vu les légionnaires Castiglioni et Van der Walk sur le bord de l’oued, très choqués et sans leurs armes. Ne voyant personne d’autre sortir de la tempête, j’ai ordonné le repli dans nos lignes. J’ai appris plus tard qu’aucun autre légionnaire n’est rentré de l’embuscade. »

Note : le caporal Bataille présente sur le torse une grosse blessure le parcourant de part en part, avec dessiccation des tissus. Il reste persuadé d’avoir reçu un coup de sabre ou de baïonnette.

COMPTE RENDU DETAILLE DE LA MISSION

26 août 1925

L’actualité internationale durant l’été 1925 est dominée par la guerre du Rif. Au Maroc Espagnol, un ancien fonctionnaire indigène, Abd el Krim, a réussi à soulever des tribus indigènes contre le colonisateur espagnol, et a infliger une cuisante défaite à l’armée ibère qui a gravement sous estimé son ennemi. Les troupes espagnoles ont dû se replier sur quelques villes côtières, abandonnant derrière elles une grande quantité de matériel. La rébellion commence à gagner le protectorat français du Maroc, et le gouvernement français craint que la contagion ne gagne toute l’Afrique du Nord... Evinçant le gouverneur général le Maréchal Lyautey, le pouvoir envoie sur place le Maréchal Pétain qui organise la lutte et fournit une aide militaire aux espagnols. En métropole, le parti communiste prend fait et cause pour les insurgés du Rif qui ne font que se libérer de l’oppression coloniale. Il est vrai qu’Abd El Krim est un fin lettré et admirateur des philosophes français des lumières. Il a proclamé une république laïque dans les zones qu’il contrôle... On observe quelques bagarres au quartier latin entre les étudiants d’extrême droite et ceux du parti communiste.

A la BMS, le service est en émoi : le commissaire principal Fèvre a été victime d’une attaque cardiaque à son bureau. Il a pu être secouru à temps et doit partir au repos ; le commissaire principal Conti prend alors les rênes du service et a la surprise de recevoir le 26 août 1925 une convocation à la présidence du conseil, pour une réunion de crise secrète en présence du président du conseil lui-même, Monsieur Paul Painlevé, du parti radical.

Il décide de s’y rendre avec ses meilleurs agents, les inspecteurs principaux Laspalès et Antiphon. Ceux-ci ont la surprise d’y voir, à côté du président du conseil, leur ennemi intime le lieutenant colonel Collot. L’objet de la réunion est très vite traité : le 21 août dernier, une colonne de 60 légionnaires armés, ayant avec eux une automitrailleuse, a été anéantie par ce qui semble être un tourbillon de vent. Seuls, trois légionnaires ont survécu et leur témoignage est particulièrement effrayant, deux d’entre eux semblant avoir sombré dans la folie. Le correspondant local du 2eme bureau (branche spéciale), le commandant de réserve Bonnier, note une similitude avec les évènements de 1904 ayant impliqué à la fois son service et la BMS. Il demande à Paris l’intervention d’urgence d’agents spécialisés pour éradiquer cette menace, avant que ne soit lancée l’offensive prévue par le Maréchal Pétain... Monsieur Painlevé, prenant cette menace très au sérieux, somme les deux services de coopérer et suggère même l’idée de les fusionner, question poliment éludée par Conti et Collot, mais qui promettent une intervention rapide.

Le rapport du commandant Bonnier, transmis par avion postal, a de quoi faire réfléchir :

L’analyse commune de la BMS et du 2eme bureau tendrait à penser que ces légionnaires ont été massacrés par une créature connue sous le nom de Polype volant. En 1904, une colonne militaire contenant des agents de la BMS disparut au sud du Maroc, sans doute anéantie par une de ces créatures. Ce que confirment les archives du 2eme bureau, qui montèrent après ce fiasco de la BMS une autre expédition dans laquelle ils parvirent à tuer une de ces créatures, au moyen d’une arme extra-terrestre trouvée au Maroc dans une cité souterraine. Il semble que ces créatures menèrent en des temps reculés une terrible guerre contre d’autres créatures extraterrestres, et que les restes d’une de leurs cités se trouvent quelque part enfouie sous les montagnes du Maroc, avec quelques survivants de l’espèce. C’est dans les ruines d’une cité de leur espèce ennemie que fut trouvée cette arme étrange qui ressemble à un appareil photo géant.

L’arme est précisément présentée à la BMS par les services du 2eme bureau qui la sortent de leurs entrepôts secrets. Elle ne fonctionne plus et semblait projeter un arc électrique. L’officier qui mena cette expédition en 1904 était le lieutenant Bonnier, qui est maintenant commandant de réserve et correspondant de la branche occulte du 2eme bureau au Maroc. Il est l’auteur du rapport présenté par le ministre...

Comme Collot ne peut réunir d’équipe d’intervention immédiatement, Conti saisit l’opportunité pour envoyer de toute urgence une équipe d’agents au Maroc, voyageant par avion des lignes aériennes Latécoère. Partent ainsi pour le Maroc les inspecteurs principaux Laspalès, Antiphon, ainsi que les inspecteurs Dumort, D’Auclin du Loup, Beaumont, Valois, Martel et Montillac.

27 août 1925

Les agents de la BMS arrivent à Rabat et sont accueillis sur l’aérodrome local par un homme d’une soixantaine d’années, le commandant Bonnier. Il a actuellement quitté l’armée et est devenu exploitant agricole, mais reste un honorable correspondant du 2e bureau. Ayant été informé des terribles évènements, il a repris du service... Il se charge dans l’immédiat de leur hébergement dans de confortables chambres du mess des officiers de la ville et leur annonce qu’ils sont attendus le lendemain par le maréchal Pétain. Bonnier entretenait d’excellents rapports avec le Maréchal Lyautey, qui est très affecté d’avoir été désavoué par le gouvernement et évincé par Pétain le 22 août dernier. De toute façon, depuis sa mission d’inspection en juillet, Pétain a commencé à donner des ordres de partout..

Les agents le pressent de questions sur la fameuse expédition de 1904. Il en parle avec effroi comme son plus terrible souvenir dans sa lutte contre les manifestations surnaturelles. Il a pris de nombreuses photos et mesures des empreintes laissées par la créature nommée « Polype volant ». Ses « pieds » sont en fait un groupe de petits tentacules tendus et groupés par cinq. L’aspect général de la créature est une gigantesque masse informe et changeante : elle est capable de se rendre invisible et peut projeter son souffle d’une puissance extraordinaire, capable de déchiqueter un homme. Alors que les agents tremblent d’effroi sur ce qui les attend, Bonnier leur raconte qu’il était le chef d’un groupe de militaires spécialisés dans la lutte contre le surnaturel durant les années 1900, lors de la conquête du Maroc, et qu’il réussit à tuer cette créature à l’aide d’un appareil projetant un éclair de foudre, celui-la même qu’ils ont vu dans la caisse archivée à Paris. Cette arme lui a été confiée par un de ses auxiliaires indigènes, le sergent M’Hamed Amar, qui l’avait trouvé dans les montagnes du Rif. M’Hamed Amar est un marocain lettré et francophile (études à l’école française de Fez), originaire du Rif, et qui a consacré sa vie dans la lutte contre les créatures du mythe de Cthulhu. Ses recherches personnelles lui ont fait découvrir, au plus profond des gouffres souterrains des montagnes du Rif, les vestiges d’une cité cyclopéenne ayant abrité des créatures en forme de cône qui combattirent dans le passé les Polypes volants. Son arme électrique aurait été ramenée lors d’une de ses expéditions souterraines.

Actuellement, avec la guerre du Rif, Bonnier n’a plus aucune nouvelle de son ami M’Hamed Amar, qui vit dans son village natal de Desoun, en pleine zone touchée par les combats.

28 août 1925

Les agents se présentent à l’Etat-major pour leur rencontre avec le maréchal Pétain. Ils ont la surprise assez désagréable d’être refoulés par l’aide de camp du maréchal, qui exige que les agents se présentent en uniforme militaire. Ils sont d’ailleurs mobilisés ! Après un passage au magasin d’habillement, les agents se font faire des uniformes et se font coudre leurs grades et décorations gagnées pendant la grande guerre.

Puis ils retournent se présenter au maréchal Pétain, qui les reçoit avec Bonnier. Certains agents sont impressionnés par la tenue du vieux maréchal de 69 ans, vainqueur de Verdun. D’autres sont plus méfiants et le perçoivent comme une vieille baderne. Il salue les agents comme étant les spécialistes qu’il a demandé à Paris, et leur demande d’agir au plus vite afin de neutraliser cette arme secrête de l’ennemi dont il ne semble pas percevoir l’aspect surnaturel : « Bonnier m’a parlé d’un poison hallucinogène, n’est-ce pas ? » Ce dernier répond immédiatement « Oui, Monsieur le Maréchal ».

Quoiqu’il en soit, Pétain s’enquiert de leurs identités et leur expose la situation militaire, parlant de la zone de combat où a été anéantie la colonne de légionnaire. Il s’agit d’une vallée d’un affluent de l’Ouergha, qui semble désertée par les rebelles. Il leur laisse carte blanche et leur fait rédiger un ordre de mission auprès du colonel Feydenberg, qui commande la zone de Fez, afin de leur permettre de réquisitionner les moyens militaires qu’ils jugeront adaptés. Ils ont le même ordre pour le commandant Donnio, commandant le groupement de l’aviation de Fez.

29 août 1925

Les agents voyagent en train de Rabat à Fez, après être passés par les entrepôts militaires pour parfaire leur équipement.

30 août 1925

Les agents arrivent à l’aube à Fez, où l’on entend tonner le canon. L’ennemi n’est pas loin... Ils sont accueillis à la gare par le sous-lieutenant Vergne, du 2e bureau, correspondant de Bonnier. C’est lui qui a recueilli le témoignage des trois légionnaires survivants. Il leur donne une photo aérienne du fort Hissami, prise à haute altitude, où l’on voit nettement les murs effondrés, ainsi qu’une photo de la colonne de légionnaires prise avant le drame.

Les agents vont se présenter au colonel Feydenberg à qui ils présentent leur ordre de mission, et demandent à interroger les trois survivants. Le colonel leur fait part de son inquiétude sur cette rumeur qui court dans toutes les troupes françaises et démoralise particulièrement les soldats indigènes. Il a fait isoler les trois survivants dans une aile de l’hôpital de Fez vers lequel les agents se dirigent sans tarder.

Ils découvrent effectivement que les légionnaire sont dans une zone d’accès restreint de l’hôpital. Leur interrogatoire ne leur apprend rien de plus, si ce n’est la conviction que le caporal Bataille a bien vu une créature surnaturelle et fait un blocage psychologique dessus, persistant à y trouver une explication naturelle.

Cependant, les agents sont encore plus intrigués des bruits venant de la chambre voisine, qui est sévèrement gardée et où on entend un pauvre diable tousser à s’en déchirer les poumons... Un capitaine peu aimable leur en interdit l’accès, le sous-lieutenant Vergne l’identifie comme un officier du 2eme bureau... Les agents quittent ensuite l’hôpital pour se rendre au lycée français de Fez, et retrouvent les archives concernant M’Hamed Amar, qui leur apprennent peu de choses si ce n’est qu’il était un élève brillant. Ses anciennes rédactions montrent son écriture impeccable et son admiration pour les philosophes français.

Après discussion, les agents concluent qu’ils n’ont que deux options : soit foncer tête baissée dans la vallée maudite, soit essayer de retrouver M’Hamed Amar, en pleine zone rebelle, dans son village de Desoun pour tenter d’obtenir des informations sur ces créatures. Entre les créatures et les rebelles, ils choisissent à l’unanimité ces derniers.

31 août 1925

La journée est employée par les agents à lire les cartes militaires et à organiser leur expédition vers le village de Desoun. Pour assurer leur sécurité lors de leur incursion dans la zone rebelle, décident d’effectuer leur voyage à bord de tanks Renault FT 17, avec cinq tanks au total : trois armés d’une mitrailleuse, un d’un canon de 37 mm, et un dernier non armé mais équipé d’une TSF. Les équipages sont les suivants :
  Tank 1.Pilote : Montillac, Mitrailleur Beaumont.
  Tank 2.Pilote : militaire français, mitrailleur : Martel
  Tank 3. Pilote : Sarrault, mitrailleur : Laspalès
  Tank 4 (canon 37 mm) : équipage de militaires.
  Tank 5 (TSF). Pilote Antiphon.

Tous les tanks traînent derrière eux une remorque contenant des réservoirs d’essence blindés. Peu sécurisant, mais indispensable compte tenu de l’autonomie limitée du FT 17 ! Ils partent le soir même vers la ligne de front, où ils bivouaquent en compagnie de troupes françaises.

1er septembre 1925

Les cinq petits tanks s’élancent vers les montagnes du Rif. Lors du franchissement de l’Ouergha, une rivière presque à sec, ils doivent essuyer le feu de troupes rifaines armées d’un mortier et commandés par un homme coiffé d’une djellaba noire. Le blindage de leurs véhicules et le tir de leurs canons de 37 mm leur permet de passer en force et de s’enfoncer dans le Rif. Chemin faisant, ils découvrent du bétail tué par des balles bon, des fléchettes métalliques datant de la Grande Guerre et lancées par les avions français... Ils bivouaquent la nuit en pleine zone rebelle.

2 septembre 1925

La colonne motorisée arrive au village de Desoun, qu’ils trouvent désert. Avançant armes au poing, ils découvrent du bétail mort dans un fossé, avec tout autour une nuée de mouches. Les corps des bestiaux, chèvres principalement, sont gonflés par la chaleur mais semblent extérieurement intacts, excepté un filet de sang coulant par la bouche et les narines. L’inspecteur Martel, médecin dans le civil, est formel : le village a été bombardé au gaz moutarde. Ils en ont la triste confirmation en découvrant des tombes fraîchement creusées dans le petit cimetière du village : le bombardement a tué nombre de femmes et d’enfants, dont, en lisant les pierres tombales en arabe, l’épouse et les deux enfants de M’Hamed Amar. Fouillant les maisons, ils découvrent celle qui semblait être la sienne en raison du grand nombre de livres en français qui y sont posés ; c’était semble t’il le seul lettré du village.

Ils font également, dans la maison, un découvert bien plus étrange. Dans un coffre, enroulé dans un linge, se trouve un grand livre (du format d’un grand atlas) dont les feuilles sont en celluloïd et reliées à une spirale faite d’un métal inconnu. L’écriture y est totalement inconnue mais Laspalès l’identifie comme étant celle de la Grand’Race de Yith, dont il a déjà vu les idéogrammes lors d’une précédente mission en Guinée en 1914. Les agents trouvent également une feuille de papier jaunie comprenant une suite de 128 idéogrammes de la Grad’Race, ainsi qu’une très veille carte de l’armée française datant du début du siècle, complétée par des annotations qui semblent mentionner l’existence d’un réseau de cavernes souterraines. Il ne semble y avoir qu’une entrée à ce réseau, situé dans les montagnes à plusieurs kilomètres d’ici.

Ils reprennent la route vers les montagnes et bivouaquent pendant la nuit en faisant un cercle avec leurs véhicules. Ils doivent d’ailleurs repousser une attaque de rifains qui sont mis en fuite assez facilement avec la puissance de feu des blindés.

3 septembre 1925

A l’aube, le carburant allant manquer pour le retour, les agents envoient un ultime message radio l’aide de la TSF du FT-17 radio, puis siphonnent celui-ci et répartissent le carburant dans les autres véhicules. Ils arrivent à l’entrée des cavernes indiquées sur la carte et établissent un périmètre de protection avec leurs quatre tanks. Dirigés par Laspalès et Antiphon, les agents de la BMS pénètrent dans les cavernes tandis que les militaires restent dans les blindés.

Le réseau de grottes est très profond et, faute d’équipement spéléologique approprié, les agents progressent difficilement. Ils sont néanmoins guidés par un étrange courant d’air aspirant... Ils ont ensuit la stupéfaction de découvrir un accès vers une structure bâtie, et ce au plus profond de la terre ! Il s‘agit d’une galerie dont les parois sont faites de blocs cyclopéens, dans laquelle les agents entrent au moyen d’une corde par le plafond éventré. Une des issues de la galerie est entièrement effondrée, l’autre mène dans une pièce circulaire d’où partent trois autres galeries. Au centre de cette pièce, sur le sol, se trouvait un immense couvercle métallique, ressemblant à la porte d’une gigantesque trappe. Ce couvercle est maintenant éventré et sort du trou aussi sombre qu’insondable un courant d’air aspirant. Le trou semble avoir été causé par une explosion qui a sérieusement endommagé toute la pièce, au point de provoquer l’effondrement de plusieurs blocs de maçonnerie. Ecrasé sous un des blocs, le corps d’un homme qui correspond à celui de M’Hamed Amar.

Les agents sont assez perplexes mais finissent par déduire que le trou dans le couvercle est de facture assez récente et a été délibérément provoqué par le Marocain, par un moyen inconnu. C’est précisément de ce trou dont sont sortis les Polypes volants... M’Hamed a été tué par l’effondrement d’un des blocs à moins qu’il ne se soit délibérément laissé mourir en restant face aux Polypes qui sont sortis du trou.

Des trois autres couloirs partant de la pièce, deux donnent sur des impasses effondrées. Le troisième est également effondré, mais sur un de ses côtés se trouve une pièce dont la porte d’entrée est triangulaire et de dimensions très importantes, de l’ordre de six mètres de haut. Dans la pièce, une sorte d’étagère creusée à même les murs, vide. Sur un des murs, peux petits tableaux de contrôle, comprenant des boutons inscrits avec des runes en Yithian. Près de l’un d’eux, une niche dans le mur est ouverte, et semble vide. Les agents notent une similitude du tableau de commande avec les notes retrouvées dans le bureau d’Amar, au village. Ils entreprennent alors de rentrer la combinaison de runes sur le second tableau de contrôle, ce qui ne se fait pas sans difficultés car celui-ci se trouve à cinq mètres de hauteur. Après avoir entré la combinaison de 128 chiffres, une niche secrète s’ouvre dans le mur, contenant un appareil d’un métal blanc, ressemblant à un appareil photo : il s’agit d’une des armes électriques de la Grand’Race de Yith, du même modèle que celui utilisé par le 2e bureau pour détruire le Polype volant de 1904. Les agents ont maintenant une arme permettant de vaincre les monstres à la surface... Ils entreprennent l’escalade vers la surface et retrouvent les tanks, mais entreprennent de condamner définitivement par des explosifs l’accès aux galeries yithianes en faisant s’effondrer au moyen d’explosifs les couches les plus profondes des cavernes, ce qui leur prend un certain temps de préparation. Ils passent la nuit à la surface.

4 septembre 1925

Consommant leurs ultimes réserves de carburant, les véhicules de la colonne se dirigent vers les lignes françaises en contournant la vallée des Polypes. Ils rencontrent de nouveau des troupes rifaines qui bombardent les FT 17 à coup de mortier. Celui de Sarrault et Laspalès se prend un tir direct vers l’avant : Laspalès est indemne et parvient à sortir Sarraut qui pour sa part est sérieusement sonné. Sous les balles ennemies, les deux hommes se mettent à l’abri des autres tanks qui ripostent de leurs armes de bord et parviennent à regagner les lignes françaises, même si un tank tombe en panne sèche peu avant.

5 septembre 1925

Rentrés à Fez et remis de leurs émotions, les agents décident immédiatement d’organiser une attaque combinée contre les polypes volants dans la vallée où ils sont retranchés.

Les grands moyens sont employés : trois avions Breguet 14 survoleront la vallée pour attaquer les créatures à la mitrailleuse, tandis que trois tanks FT 17 progresseront simultanément. Les agents payent de leur personne et participent de cette façon :

  Breguet 1 : Equipage Laspalès / Antiphon (pilote/mitrailleur)
  Breguet 2 : Equipage Sarrault / Martel
  Breguet 3 : Equipage Beaumont / militaire
  FT 17 n°1 : militaire / D’Auclin du Loup (pilote / tireur)
  FT 17 n°2 : militaire / Montillac
  FT 17 n°3 : militaire / Dumort
  FT 17 n°4 (TSF) : équipage militaire.

Les tanks FT 17 progressent les premiers, et préviennent par radio l’aérodrome de Fez avant d’entrer dans la vallée. C’est à ce moment que les Breguet 14 décollent pour lancer une reconnaissance visuelle. Ils aperçoivent trois horribles créatures, qui deviennent vite invisibles mais peuvent être repérés d’avion par le tourbillon d’air qu’ils génèrent autour d’eux ! Deux des tourbillons disparaissent, prouvant que les créatures se sont envolées ! Cette vision est néanmoins extrêmement traumatisante, et Beaumont, saisi d’horreur, fait tout bonnement demi-tour ! Pour les autres pilotes, un terrible combat commence. Les deux Breguet sont pris par un tourbillon de vent qui les fait lentement perdre de l’altitude. Laspalès parvient à maintenir son avion en vol qu’avec grande difficulté, étant réduit à faire de grands cercles en rivalisant d’adresse pour ne pas percuter les reliefs de la vallée... C’est alors que les Polypes réapparaissent en l’air, sans doute épuisés par l’effort de concentration que leur impose l’invisibilité. Antiphon en profite pour tirer, non pas de sa mitrailleuse de tourelle, mais avec le fulgur de la Grand’Race de Yith qu’il a emmené dans son appareil. Il fait mouche et détruit un des Polypes qui explose comme une citrouille avariée. Les aviateurs découvrent qu’ils volent nettement plus vite que leurs adversaires, ce qui leur donne un net avantage tactique bien qu’étant secoués par leur souffle. Le deuxième Polype, d’abord touché par le tir des mitrailleuses du Breguet de Sarrault/Martel, subit le même sort. Quant au troisième, également mouché par des tirs des avions qu’il ne parvient plus à contrôler par son souffle, doit se réfugier à terre où il sera achevé par les tirs des canons de 37 mm des trois tanks FT 17 !

Les agents peuvent se féliciter d’avoir détruit trois créatures extrêmement dangereuses du mythe de Cthulhu, ayant été grandement aidés par l’arme électrique de la Grand’Race de Yith. Ils en retiennent que ces créatures peuvent voler à une vitesse assez lente (50 km/h), ne peuvent pas rester invisibles indéfiniment, et peuvent utiliser leur souffle pour capturer des proie jusqu »à une distance assez importante. Ces observations alimentent aussitôt un rapport classé à la BMS.

Mais il y a un autre rapport à faire, celui au Maréchal Pétain. Un débat s’engage parmi les agents : faut-il dénoncer l’emploi des gaz de combat sur les populations civiles qu’a ordonné le Maréchal ? Après de vifs échanges, Laspalès tranche et signe d’autorité le rapport, qu’il va présenter au Maréchal en compagnie de son ami Antiphon. Le « phénomène » a été détruit, Monsieur le Maréchal. Toutefois, c’est l’emploi des gaz par nos forces qui est à leur origine... Ils sont remerciés par le vieux militaire dont ils se demandent s’il a bien compris leurs propos. Quoiqu’il en soit, ils retournent en France avec la satisfaction du devoir accompli.

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