La mort d’un chasseur de Vampire connu des services de la BMS, un certain Edouard Molyneux conduit les agents à réaliser une enquête plus approfondie des conditions de son décès. Cela les conduira dans une périlleuse chasse au vampire au terme d’une enquête dans les cercles de l’extrême-droite monarchiste...
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Une vieille connaissance
20 avril 1928. Le bulletin de police révèle la mort d’Edouard Molyneux, dont le corps, couvert d’ecchymoses, aurait été trouvé sans vie dans une rue du 5e arrondissement de Paris. Etant donné que M. Molyneux est bien connu de la BMS comme étant un chasseur de vampires (Voir dossier n°92 « Monsieur ! Monsieur ! Vous oubliez votre chapeau ! »), les agents se saisissent du dossier pour reprendre l’enquête.
Celle-ci est d’ailleurs bien mal en point, car confiée au commissaire Caponi, peu connu pour sa perspicacité. Il transmet le dossier aux agents avec soulagement, car, selon lui, « Les indices sont plutôt maigres ». Il pense cependant que Molyneux a été victime d’une rixe d’une bande de voyous qui l’ont tabassé avec des gourdins, comme l’indique le rapport d’enquête qu’il a rédigé. Laspalès découvre également que Caponi a été chargé de l’enquête par un juge d’instruction, le juge Auguste Landrecies, connu pour ses convictions monarchistes.
Pendant ce temps, le commissaire Plavier part avec quelques inspecteurs refaire l’enquête de voisinage, déclarant « qu’une enquête de Caponi doit être reprise à zéro ». La rixe ayant eu lieu l’avant-veille au soir, ils ne trouvent qu’un témoin, M. Augustin Duchable, négociant en vins et en charbon dont le commerce est installé à proximité du lieu du drame. Il répète aux agents ce qu’il a déclaré à Caponi : son rideau était tiré, et il faisait sa caisse quand vers 22 heures il a entendu des cris. Le temps qu’il sorte pour porter secours, il a pu voir le corps de Molyneux étendu sur le trottoir, puis cinq ou six malfrats prenant la fuite... Plavier insiste sur leur description, et Duchable dirait plutôt qu’ils étaient habillés de manière assez élégante, et portaient des cannes, sans doute plombées.
L’inspecteur principal Beaumont se rend pour sa part à la morgue pour avoir l’inventaire des objets trouvés sur Molyneux. Rien de notable, si ce n’est qu’on ne lui pas dérobé son portefeuille. Celui-ci contenait un billet de train aller-retour Paris / Le Mans, composté le 2 avril 1928.
Les camelots du Roi
Quand tout le monde se retrouve à la BMS, Le commissaire Laspalès juge pour sa part qu’on dirait que Molyneux a été victime d’un assassinat politique. La description de ses agresseurs correspond plus à celle de Camelots du Roi, les troupes de choc du parti monarchiste « L’action française », qu’à celle de truands du milieu. Le fait qu’un magistrat monarchiste ait confié l’affaire à Caponi démontre bien qu’il a cherché à faire classer l’affaire... L’enquête de la BMS s’oriente alors vers les milieux monarchistes, et approfondit ses recherches sur Molyneux.
Laspalès prépare alors un coup de filet dans les milieux royalistes, et lance une perquisition chez le secrétaire de la ligue d’action française de l’arrondissement, un certain Corentin de Mauremont, qui proteste énergiquement. Un indice troublant est découvert chez lui : 3 billets de train Paris-Le Mans, dont le dernier composté du 2 avril. Interrogé sur ces voyages, de Mauremont indique qu’il n’est pas encore interdit de se rendre en province, où il va régulièrement visiter des amis tous les mois. Sommé de donner leur adresse, il répond se rendre dans le village sarthois de Pontvallain, ce que les agents de la BMS peuvent vérifier grâce à la gendarmerie locale. Il nie d’autre part farouchement avoir eu la moindre connaissance d’Edouard Molyneux.
Manquant de preuves, Laspalès ne peut que relâcher le militant monarchiste et oriente l’action de ses inspecteurs vers d’autres militants locaux de l’Action Française. Deux sont fichés par la police comme étant particulièrement violents et déjà condamnés dans des bagarres sur le quartier latin : Célestin Lejeune, garçon boucher et vaguement étudiant en droit, ainsi qu’Auguste Guichen, jeune clerc de notaire chez Me Ventose de Laroche-Coublac. Interpellés, l’un et l’autre nient catégoriquement avoir eu le moindre rapport avec Edouard Molyneux. Le seul indice, plutôt maigre comme dirait Caponi, est que le garde manger de Guichen contient des spécialités sarthoises alors que celui-ci est originaire de Bretagne... et que ces deux suspects ont chez eux une canne plombée, mais comme tous les Camelots du Roy. La BMS ne peut les inculper.
Soupçons sur la Sarthe
Parallèlement à l’enquête dans les milieux monarchistes, des agents de la BMS approfondissent les recherches sur Edouard Molyneux. Ils retrouvent son domicile, un pavillon de banlieue, et fouillent celui-ci : il est désespérément banal et sans intérêt. Alors que les inspecteurs s’apprêtent à plier bagage, l’un d’eux a la présence d’esprit de feuilleter un petit Atlas Larousse posé sur un des rayons de la bibliothèque, située à côté du bureau. En regardant la carte de l’ouest de la France, il découvre qu’un point a été piqué avec le compas du bureau... Il s’agit du village de Pontvallain dans la Sarthe ! Tout aussi intéressant, un inspecteur resté dans les locaux de la BMS découvre que le juge Landrecies connaissait Molyneux pour l’avoir inculpé dans une affaire de violation de sépulture à Provins, qu’il aurait perpétré dans une vieille église à proximité de la ville.
Quand tous les agents se réunissent de nouveau après cette deuxième journée d’enquête, Laspalès décide d’aller visiter le village de Pontvallain ainsi que d’aller enquêter sur l’affaire de Provins. Il s’y rend d’ailleurs personnellement avec le commissaire Plavier et les inspecteurs Boileau et Evrard, tandis que Beaumont et Tavergny partent en voiture pour la Sarthe.
Violation de sépulture à Provins
Laspalès et ses hommes voyagent sans difficulté à Provins et consultent le rapport de la police locale. Ils découvrent que Molyneux a été arrêté après que des témoins l’aient vu au lever du jour quitter un cimetière attenant à une vieille église, où un début d’incendie s’était déclaré. Molyneux s’était livré à une sorte de cérémonie sataniste, ouvrant une ancienne sépulture datant du 17e siècle et y allumant un feu. Les agents, un peu nerveux, se rendent alors sur les lieux. La tombe, un gros mausolée, a été ouverte avec un explosif. Elle est vide mais garnie d’une sorte de cendre, et ses parois intérieures noircies et fondues comme par une brusque augmentation de la température... Pour les agents, la cause est entendue : Molyneux a détruit ici un vampire ! Si l’on en croit l’inscription sur la tombe, le nom de son locataire était un certain Henri de la Dronne. Forts de cette information, ils retournent immédiatement à Paris et entreprennent des recherches.
Grâce à l’aide bénévole et efficace de l’historien Alain Devaux, ils découvrent que cet Henri de la Dronne était un ecclésiastique vivant au 17 siècle, occupant la fonction de vicaire de l’archevêque de Paris, Mgr Pierre de Guiers. Ce dernier était le meneur du « parti dévot », un parti de catholiques ultra voulant sans doute replonger le royaume de France dans les sanglantes guerres de religion !
Voyage éprouvant vers la Sarthe
Pendant ce temps, les inspecteurs Beaumont et Tavergny se rendent vers la Sarthe dans un Renault modèle 40 du service. Le temps se gâte chemin faisant... Des nuages noirs se forment, et il se met à tomber des trombes d’eau. Comble de malchance, le moteur les lâche alors qu’ils sont en rase campagne. Trempés jusqu’aux os en essayant de réparer, ils se résolvent à marcher vers le premier endroit habité quand ils voient les phares d’un petit camion Berliet passant sur la route. Sauvés ! Le chauffeur s’arrête et les prend à son bord. Il doit justement se rendre à Pontvallain demain, pour y livrer le cercueil qu’il transporte dans son véhicule. L’inspecteur Tavergny, ravi d’être au sec, monte dans le camion, mais Beaumont est extrêmement nerveux. Il ne quitte pas des yeux le cercueil, qui contient la dépouille « d’un parisien qui veut se faire enterrer là-bas », et garde la main sur la crosse de son Lebel modèle 1892...
Leur chauffeur arrive avant la tombée de la nuit dans sa ferme et gare son véhicule dans sa grange. Son épouse régale les deux agents d’une soupe bien chaude, et le couple propose ensuite aux deux policiers d’aller dormir dans la grange. C’en est trop pour l’inspecteur Beaumont qui sursaute au moindre bruit, et parle à son collègue de son intention de prendre le couple de fermiers en otage. Tavergny le calme et les deux hommes préfèrent aller dormir à même le sol dans la salle à manger, Beaumont ne fermant pas l’œil de la nuit... Ils peuvent repartir le lendemain et trouver un garagiste qui dépanne leur voiture, avec laquelle ils se rendent finalement au village de Pontvallain. Ils croisent d’ailleurs les funérailles de leur « compagnon de voyage »...
L’inspecteur Beaumont est toujours extrêmement nerveux et n’aime pas la façon dont les habitants le dévisagent. Tavergny s’offre une petite visite dans le cimetière, pendant la cérémonie. Il y remarque la tombe la plus ancienne, édifiée en dur, et contenant les restes d’un certain Xavier Charolais, vivant au 17e siècle. Il en note l’épitaphe, « Spiritus meum ubi vult spirat » : Mon esprit souffle où il veut ! Quittant le village, ils peuvent alors rendre compte de leur aventure au commissaire Laspalès au téléphone. Celui-ci fait entreprendre des recherches sur ce Xavier Charolais : c’était précisément un des six vicaires de l’archevêque de Paris au 17e siècle !
La BMS en action !
Le commissaire Laspalès en tire immédiatement la conclusion qu’il s’agit du tombeau d’un vampire qui était pisté par Molyneux, et que le mort-vivant à fait supprimer celui-ci par ses serviteurs humains qu’il recrute parmi les monarchistes de l’Action française ! Il décide d’aller régler son compte au vampire en le grillant par exposition au soleil. Pour cela, il envisage plusieurs options avec ses hommes. La voie légale de l’exhumation est vite écartée, d’autant plus que toute la population locale doit être complice du vampire qui les tient sans doute sous son emprise psychique. L’attaque aérienne est envisagée, mais abandonnée car jugée peu précise malgré les talents de pilote du commissaire Plavier. Laspalès opte finalement pour l’intervention directe de jour, déguisés en anarchistes : une intrusion commando dans le cimetière pour y dynamiter la tombe. « La rapidité d’intervention et la concentration de nos moyens nous donneront toutes les chances de succès. »
Les quatre agents s’arment jusqu’aux dents et préparent des explosifs, puis se rendent dans un camion Berliet dans la Sarthe où ils récupèrent Beaumont et Tavergny. Ils investissent le village de Pontvallain au lever du jour. Premier accroc : un troupeau de vaches bloque la voie, il faut patienter de trop longues minutes pour se frayer un chemin. Ils foncent sur la place de l’église et quatre agents forcent l’entrée du cimetière. Là, une brume surnaturelle apparaît, et des ronces poussent pour immobiliser les quatre agents armés ! Puis, vision d’horreur : des morts sortent des tombes pour protéger celle du vampire. Des coups de feu claquent et un agent, hurlant de peur, regagne le camion. C’est alors que le commissaire Laspalès, courageusement, prend les bâtons de dynamite et fonce les placer sur le tombeau, affrontant une manifestation ectoplasmique sur place. Il revient vers le véhicule en hurlant qu’il est « trop vieux pour ces conneries » et doit faire face à des squelettes animés, dont l’un d’eux saute d’ailleurs à l’arrière de la camionnette au milieu des agents, qui réussissent à le démembrer à coup de crosse de fusil.
Montant sur le marchepied du camion, Laspalès hurle au chauffeur de démarrer quand retentit l’explosion : le couvercle du tombeau est volatilisé et les agents peuvent voir une silhouette qui en sort en brûlant au soleil, le tout sous un cri aussi surnaturel qu’atroce. Ils ont grillé le vampire !
La camionnette de la BMS fuit et Laspalès crie « vive l’anarchie » pour donner le change. La mission est réussie... Mais elle en appellera d’autres, car il semble qu’un cercle de puissants vampires a un pied dans les cercles monarchistes et d’extrême droite de la capitale...