La table de Sala Colonia

Rapport de mission n° 130
Date de la mission: Avril 1938
Agents :

La BMS est saisie par le résident général du Maroc, le général Noguès, sur l’assassinat de trois sujets britanniques membres d’une expédition archéologique sur le site de Sala Colonia, près de la ville de Rabat. Un commissaire de police est décédé quelques mois plus tôt dans des circonstances semblables... brulé par une sorte de feu follet tombé du ciel !

20 avril 1938.

Le commissaire principal Laspalès convoque une équipe d’enquêteurs au petit matin. Des nouvelles inquiétantes lui sont parvenues de la résidence générale du Maroc : trois archéologues britanniques, messieurs Foster, Rodney et Remington sont décédés de façon suspecte le 14 avril dernier alors qu’ils faisaient des fouilles sur le site archéologique de Sala Colonia, l’ancienne cité romaine près de laquelle a été bâtie la ville de Rabat. Le professeur Rodney et le contremaître M. Remington sont morts en plein jour sur le site des fouilles, brûlés par des feux follets, au vu des nombreux ouvriers arabes du site. Quant au professeur Foster, il est décédé le même jour dans sa chambre à l’hôtel « Etoile de la cité nouvelle » de Rabat, victime d’un incendie. Un quatrième décès suspect a également eu lieu par le feu quelques mois plus tôt, le 18 janvier 1938 : le commissaire Lopez, mort brûlé en plein jour dans la Médina alors qu’il se livrait à une enquête, ses vêtements s’étant subitement enflammés selon les dires des témoins.

Bref, une affaire assez louche nécessitant l’envoi d’une équipe de la BMS, composée précisément de l’inspecteur principal Laurent Bonfils(n°138) , les inspecteur-chef François Despré(n°144) , Germain Lanquetot(n°156) , et de l’inspecteur Gerard Morvan(n°160), une nouvelle recrue qui comme l’inspecteur Bonfils a servi dans l’aviation espagnole dans l’escadrille internationale d’André Malraux.
A peine sorti du bureau du commissaire principal Laspalès, les agents partent faire leurs bagages et décident de voyager en avion, dans le Caudron Simoun de la BMS. Ils profitent cependant de leur journée pour faire des recherches dans les archives de la BMS sur les affaires surnaturelles survenues au Maroc.

En 1904, une équipe entière d’agents de la BMS disparaît dans le désert au sud du Maroc, sans doute éliminés par un polype volant (affaire n°7). En 1925, ce type de créature est de nouveau affrontée pendant la guerre du Rif (affaire n°82), issues de cités souterraines antédiluviennes. C’est dans ce type de cités abritant d’autres créatures majeures du mythe de Cthulhu que la BMS intervient contre les services du major Goëssler en 1933 (affaire n°109), cités déjà aperçues dix ans plus tôt (affaire n°79). Les pistes concernant le surnaturel sont donc assez nombreuses...

D’autres agents utilisent leur après-midi pour effectuer des recherches sur l’historique du site de Sala Colonia. C’est une cité romaine construite sur le site d’une civilisation antérieure méconnue. L’historique des fouilles est le suivant :

  En 1904 l’anglais John Abraham réalise les premières fouilles. Il en sort des objets romains plus des pierres écrites d’une écriture non latine ; qu’il a décrits dans un ouvrage. Avec notamment une sorte de table en pierre décorée d’une écriture inconnue dont seulement un fragment a pu être exhumé.

  En 1911, en pleine crise franco-allemande sur le Maroc se monte l’expédition archéologique de l’allemand Gregor Haffner. Les résultats de ces fouilles sont inconnus et n’ont donné lieu à aucune publication.

  Les premières fouilles françaises ont lieu en 1923, menées par le professeur Tessier. Ont été exhumés des vestiges romains et phéniciens, qui sont exposés au musée de l’homme. Les inspecteurs de la BMS ne peuvent aller les contempler car les fragments ont disparu des réserves en 1929 !

  En 1925, pendant la guerre du Rif, le résident général ayant succédé au général Lyautey, Théodore Steeg, indique que des fouilles sauvages ont été réalisées et divers objets extraits pour être vendus à des collectionneurs privés. Il a mis fin à ce pillage dès qu’il a disposé des moyens de police suffisants, une fois la pacification du Rif accomplie.

  En 1938 se monte la présente expédition (Foster-Rodney) britannique destinées à mettre à jour la partie phénicienne de la cité, nommée Hyksos.

Forts des premiers éléments recueillis par ces recherches en bibliothèque, l’équipe d’agents décolle en fin d’après-midi de Villacoublay en Caudron Simoun et se posent à Marseille trois heures plus tard où ils passent la nuit.

21 avril 1938.

Aux premiers rayons du soleil, le Caudron Simoun décolle de Marseille et traverse la Méditerranée. Les agents gagnent Alger, puis volent vers l’Est vers le Maroc et se posent à Rabat dans l’après-midi auprès de Nieuport-Delage 62 de l’escadrille régionale de chasse 573.

Ils se dirigent immédiatement à la résidence générale du Maroc où ils sont reçus par le général Noguès qui insiste sur la nécessité de boucler cette enquête qui a des implications diplomatiques évidentes - les britanniques réalisent d’importants investissements au Maroc. Il fait en sorte de fournir aux agents une voiture et tous les laissez-passer auprès des autorités locales. Le directeur de cabinet du général les informe plus en détail de la situation locale : une agitation nationaliste est menée à Rabat par un groupe d’indigènes assez radicaux connus sous le nom de Taifa. Il existe aussi un groupe d’intellectuels plus modérés, la Zawiya, qui prône l’indépendance du pays débarrassé des protectorats français et espagnols. Il faudra agir avec le plus grand tact, en cette période de tension avec l’Allemagne la dernière des choses dont a besoin le gouvernement est d’une insurrection en Afrique du Nord. On peut soupçonner à des meurtres conduits par des nationalistes contre des européens. Les ouvriers indigènes présents sur le site des fouilles ont été témoins du décès du professeur Rodney et de son contremaître mais ont donné des témoignages contradictoires. Certains, très effrayés, parlent de flammèches volantes ayant grillé les deux agents ; d’autres sont beaucoup moins loquaces et semblent avoir été intimidés par ceux qui ont perpétré ce crime.

Les agents logent pour la nuit au Grand Hôtel dans la cité européenne, mais l’inspecteur chef Despré tient à aller enquêter le soir même à l’hôtel « Etoile de la cité nouvelle », sur le lieu du meurtre du professeur Foster dont il interroge les employés. La vitre de la chambre, donnant sur la rue, a été refaite. Les murs de la chambre sont intacts, et, d’après les témoins du drame, le professeur Forster est sorti de sa chambre sous la forme d’une torche humaine - il a expiré dans le couloir. Ses affaires ont été confiées au commissariat que l’inspecteur chef Desprès se promet d’aller visiter dès le lendemain.

22 avril 1938.

Dès l’aube, les agents de la BMS se rendent au commissariat de Rabat pour consulter toutes les pièces de l’enquête. Ils sont accueillis chaleureusement par le commissaire Maurice Bénichou qui ne met aucune difficulté à leur fournir toutes les indications demandées, mettant à leur disposition son adjoint, l’inspecteur Bouli Abidbol.
Le commissaire Lopez décédé quelques mois plus tôt était un capitaine de réserve aux affaires coloniales, spécialiste des milieux nationalistes marocains. Né au Maroc, c’était un policier connu et respecté y compris dans le milieu nationaliste. En plus de son travail de commissaire, il envoyait régulièrement des notes de renseignements à la résidence générale. D’après l’enquête consécutive à son décès, le drame est survenu dans un des souks de la Médina. Certain témoins ont déclaré avoir aperçu des feux follets descendre d’un des toits d’une maison et fondre sur le commissaire qui est mort brûlé vif. Les feux follets sont ensuite repartis vers le ciel !
Les agents consultent également les documents trouvés dans les affaires du professeur Foster. Ils y trouvent ses papiers d’identité, des livres archéologiques, de l’argent, et des lettres écrites en anglais (de la correspondance avec son université et des confrères). Ils trouvent un carnet contenant des notes très précises sur les découvertes de l’expédition Abraham de 1904, avec notamment une reconstitution de la table circulaire incomplète que Foster identifie comme une invocation à une divinité solaire. L’écriture de cette table ressemble à du cunéiforme babylonien. Selon Hérodote, les romains vers au Maroc ont assimilé les populations indigènes ou les ont exterminé : il est possible que cette table d’invocation et le temple l’abritant ait été laissés intacts ou que leurs pierres aient été réutilisées pour construire d’autres bâtiments dans la cité de Sala Colonia, créant un gigantesque puzzle pour les archéologues. Autre découverte déduite de la correspondance de Foster : les artéfacts exhumés par Abraham, dont les fragments de la table d’invocation, ont disparu des stocks du British Muséum en 1937. Le professeur Abraham est d’ailleurs soupçonné par Scotland Yard.

Quittant le commissariat de Rabat, les agents poursuivent leur enquête en visitant le bureau des affaires historiques, l’administration du royaume du Maroc donnant les autorisations de fouilles. Ils y apprennent que l’expédition Foster-Rodney était en concurrence avec une autre demande, menée par un autrichien nommé Eugen Strohschneider. L’autrichien a été éconduit au profit des britanniques, cependant il disposait un représentant local, un certain Kasim Ben Arb.

A la résidence générale, les agents vont consulter les fiches de police sur les Marocains surveillés par l’administration française. Ils trouvent précisément une fiche sur Kasim Ben Arb, rédigée et mise à jour par le commissaire Lopez... Kasim Ben Arb est né dans les montagnes de l’arrière-pays dans un village nommé Nerfida vers 1882. Il commence à être fiché en 1926, quand il s’installe à Rabat. Il est sans profession déclarée mais c’est un homme éduqué, qui s’investit dans les groupes radicaux de la Taifa et participe à des grèves. Il fréquente aussi les milieux intellectuels de la Zawiya et ne fait plus parler de lui à partir de 1932. Le 2e bureau français des affaires indigènes signale qu’il est entré dans la zone internationale de Tanger du 26 décembre 1937 au 2 janvier 1938 (l’information vient du contact local à Tanger, le capitaine Cornier).

Les agents vont ensuite se rendre sur le site des fouilles vers midi. C’est un vaste ensemble de ruines romaines à proximité de Rabat. Les fouilles de l’expédition Foster-Rodney sont très étendues, ils remarquent notamment un grand bâtiment récemment exhumé avec des vestiges de grosses colonnades. Ils ne trouvent cependant aucun indice concluant pour leur enquête.

Les agents dirigent leurs soupçons sur ce Kasim Ben Arb et cherchent à le localiser. Il n’a aucun domicile connu et sa fiche indique une adresse en poste restante à la poste centrale de Rabat. Après avoir visité la poste et tenté d’y faire une enquête de voisinage, ils se rendent compte qu’ils n’ont aucun moyen de le localiser.

23 avril 1938.

Les agents retournent dès le matin au commissariat solliciter les services du commissaire Bénichou, pour tenter de localiser Kasim Ben Arb. L’inspecteur Bouli Abidbol, qui fait beaucoup plus couleur locale, va mener une enquête de terrain dans la Médina (le quartier indigène). Les agents s’intéressent aux ressortissants allemands ou autrichiens de Rabat. Bénichou leur apprend que la petite colonie allemande est exclusivement composée de juifs ayant fui les persécutions nazies dans leur pays.

L’après-midi, les inspecteurs Bonfils et Morvan partent en Caudron Simoun vers la zone internationale de Tanger pour enquêter sur ce qu’a pu faire Kasim Ben Arb dans cette ville. Ils prennent contact avec le correspondant français du 2e bureau, le capitaine Cornier, qui leur apprend qu’il a relevé l’information qu’il a transmise à Rabat grâce à un informateur qui travaille pour lui dans l’administration internationale de la ville - le nom de Kasim Ben Arb faisait partie de la liste des gens fichés par la résidence générale. Avec une photo de l’individu que lui présentent les agents, il va le soir interroger ses contacts dans les cafés de la ville pour tenter de savoir ce qu’a fait Kasim dans son séjour. Les agents apprennent ainsi qu’il est entré en contact avec un homme d’affaires grec du nom d’Achille Domokos, un individu louche baignant notoirement dans tous les trafics, dont la drogue et les produits manufacturés même s’il ne trempe pas dans la vente d’armes.

Pendant ce temps, à Rabat, les inspecteurs Despré et Lanquetot mènent une enquête sur le port et au bureau des douanes pour tenter d’apprendre si ces administrations n’ont pas quelque chose à leur apprendre sur Kasim Ben Arb. Ils ne trouvent rien de concluant.

24 avril 1938.

A Rabat, l’enquête de terrain menée par l’inspecteur Abidbol porte ses fruits : ce dernier a appris que Kasim a ses habitudes dans un café de la Médina. Les inspecteurs Despré et Lanquetot décident de s’y rendre menés par l’inspecteur Abidbol ; le hasard faisant bien les choses ils découvrent que leur homme s’y trouve attablé avec deux autres arabes dans une sorte de table « VIP ». Les trois inspecteurs de police décident alors de l’interpeler entrent dans le café, coinçant Kasim à sa table. Despré se présente comme un policier et lui demande de le suivre au poste de police, tandis que Lanquetot et Abidbol se tiennent en retrait. Kasim regarde alors Despré dans les yeux et lui répond dans une langue inconnue, prise pour de l’arabe, mais qui n’en n’est pas : c’est une incantation d’un sortilège et le pauvre inspecteur Despré se met littéralement à noircir comme s’il grillait sur place. Il s’effondre en se tordant de douleur, tandis que l’inspecteur Abidbol s’enfuit épouvanté et que l’inspecteur Lanquetot reste paralysé de stupeur. Kasim Ben Arb profite de la confusion pour s’enfuir avec ses deux compagnons. Lanquetot reprend ses esprits peu après et fait en sorte de conduire son camarade à l’hôpital, puis, très énervé, prend son arme et va traquer Ben Arb dans la Médina, sans succès. Il télégraphie à la BMS qu’on leur envoie des renforts...

A Tanger, les inspecteurs Bonfils et Morvan se renseignent sur Achille Domokos et organisent une filature discrète. L’homme est la caricature du gros grec barbu et mène grand train, est vu parlant avec plusieurs autres hommes d’affaire dans des bars de la ville, puis se rend à succursale locale de la Banque d’Investissement Marocaine avec une valise avant de venir s’attabler dans un restaurant. L’inspecteur Bonfils va ensuite discuter avec lui en s’asseyant à sa table. Il lui révèle sa qualité de policier et lui indique qu’il mène une enquête sur Kassim Ben Arb. Sans la moindre gène, le grec lui répond qu’il lui révèlera tous les renseignements qu’il connait contre la somme d’un million de francs... N’ayant pas une telle somme sur place, l’inspecteur principal Bonfils n’insiste pas. Les deux agents reviennent à Rabat dans leur Caudron Simoun le soir même, apprenant la mésaventure survenue à leurs collègues pendant la journée.

25 avril 1938.

L’inspecteur-chef Despré sort affaibli de l’hôpital au matin, sérieusement brule sur une partie du corps. Les agents de la BMS décident d’approfondir leur enquête en fouillant les notes du commissaire Lopez. Ses papiers sont assez nombreux dans les archives du commissariat et l’affaire prend du temps - ils découvrent néanmoins que celui-ci a enquêté sur la mort d’un collectionneur d’antiquité nommé François Schouchana, décédé en 1937... dans un incendie. Un commerçant libanais, un certain Bachir Ayoun, décédé en 1936 dans les mêmes circonstances, a également retenu l’attention du commissaire Lopez.

Dans l’après midi, avec le concours du commissaire Bénichou, les agents mènent une vaste enquête dans le milieu nationaliste local, du moins sa branche modérée. Les renseignements collectés montrent que Kasim Ben Arb est perçu comme un élément radical qui a brusquement disparu du paysage en 1932, vivant peut-être de trafics à partir de ce moment. Il faisait de fréquents voyages dans son village natal, Nerfida.

Après cette journée d’enquête, les agents retournent à leur hôtel et discutent des pistes à explorer. Certains parlent de se procurer des extincteurs, en cas d’une attaque du culte par ces flammèches démoniaques. D’autres parlent de retourner à Tanger faire parler Achille Domokos, qui aurait beaucoup de choses à révéler. Enfin, d’autres émettent l’idée de survoler la ville de Tanger et ses environs en Caudron Simoun pour repérer si la table d’invocation n’a pas été reconstituée sur un des toits de la ville par le culte.

Après leur repas, les agents vont se coucher dans leur chambre mais tous se font couler un bain, laissant la baignoire pleine d’eau pour la nuit...

26 avril 1938

Dès l’aube, les inspecteurs Morvan et Lanquetot mettent leur projet à exécution, à savoir de survoler la région de Rabat pour y trouver la table d’invocation déménagée sur un des toits de la ville. Ils décollent en Caudron Simoun et effectuent de longues heures de survol, sans succès et arrêtent leur vol vers midi.

Pendant ce temps, les inspecteurs Despré et Bonfils décident de poursuivre l’enquête sur les victimes d’incendies sur lesquels enquêtait le commissaire Lopez. Ils vont rendre visite à la famille de Bachir Ayoun, le commerçant libanais tué en 1936, et sont reçus par son fils Philippe dans la luxueuse villa familiale. Bachir Ayoun était un collectionneur d’art ancien passionné, comme en témoigne les nombreuses statues et mosaïques antiques et byzantines exposés dans la villa. Philippe Ayoun se montre très coopératif avec les agents de la BMS. Son père est mort brulé le soir alors qu’il était à lire dans son jardin. Les agents n’apprennent rien de plus que ce qui est indiqué sur les notes du commissaire Lopez ; en revanche le nom d’Achille Domokos dit quelque chose à Philippe Ayoun qui le qualifie de trafiquant grec sans scrupules. Un de ses amis qui travaille à la banque d’investissement marocaine a appris que le trafiquant grec a récemment ouvert un compte à la succursale de Rabat...

Les deux agents foncent à la résidence générale du Maroc, pour demander un ordre de séquestre du compte de M. Domokos soupçonné de complicité dans une association de malfaiteurs. Le directeur de cabinet du Général Noguès accorde sans difficulté le document rédigé en de tels termes, et leur adjoint les services d’un jeune comptable indigène, M. Rashid Semaoune. Rejoints par Morvan et Lanquetot de retour de leur vol, les agents se rendent alors en début d’après-midi à la succursale de Rabat de la banque d’investissement Marocaine. Ils montrent l’ordre de séquestre à son directeur, M. Salakian, qui s’exécute sans faire d’histoire et donne l’ordre à ses commis de bloquer le compte de M. Domokos jusqu’à nouvel ordre. Il confie le relevé des mouvements financiers au agents et M. Semaoune se met à l’ouvrage, mais confie que sa tâche sera des plus brèves. En effet, pas besoin d’être un expert comptable confirmé pour découvrir que M. Domokos a ouvert un compte à Rabat le 3 janvier 1938, approvisionné à hauteur de 100 000 Francs. Une procuration générale sur ce compte a été accordée à un certain Kasim Ben Arb ! Plusieurs retraits ont été effectués par ce dernier :
 23 000 F le 12 janvier 1938, au profit de l’office notarial de Me Altan à Rabat,
 8 000 F le 14 janvier 1938 au profit de la société de construction marocaine (SCM),
 20 000 F le 16 janvier 1938 correspondant à un retrait en liquide,
 21 000 F le 17 janvier 1938 pour le concessionnaire Berliet de Rabat,
 3 566 F le même jour pour la société Total.

Fort de ces informations, les agents effectuent dans la journée des vérifications auprès des divers fournisseurs. La société Berliet confirme qu’elle a vendu un camion-plateau et un camion-citerne. Me Altan, notaire, laisse les agents consulter l’acte de vente ce qui permet de découvrir que Kassim Ben Harb a acheté en périphérie de Rabat un entrepôt avec des bureaux auprès d’un vieux colon français, M. De Berville. Ce dernier, maintenant paisible retraité, confie aux agents les plans de son ancien entrepôt. La société de construction marocaine confirme pour sa part avoir réalisé des travaux de sanitaires et d’agencement intérieur des bureaux, comme si l’entrepôt allait désormais servir à héberger plusieurs personnes.

Les agents exécutent une discrète reconnaissance de l’entrepôt, ce qui leur montre qu’il est occupé par plusieurs personnes. Ils décident alors de le prendre d’assaut le bâtiment et sollicitent le concours des autorités locales : la résidence générale met à leur disposition un peloton de dix tirailleurs sénégalais, de plus le commissaire Bénichou et l’inspecteur Abidbol participeront au raid.

Assaut sur l’entrepot avec Sénégalais (1 tué, 4 blessés) avec Bénichou et Abidbol (Bonfils et Morvan attaquent les premiers, Bonfils 2 balles dans la tête). Trouvent mot de Ben Arb indiquant l’arrivée des derniers fragments de tablettes le 27 avril à Nerfida. Ils s’attendaient à trouver un camion mais l’entrepôt était vide

27 avril 1938

Assaut aérien. Rencontre par hasard de 3 Ju 52, combat aérien. Lanquetot abat un Ju 52, Bonfils et Morvan un 2e, et Despré épuise ses munitions sur le dernier. Puis raid sur Nerfida, aérien puis terrestre où ils dynamitent les fragments de la table trouvés sur place.

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